Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

dimanche 5 avril 2015

Joyeuses Pâques

LES CONSULTATIONS DE PATYJI

Ce matin, Patyji est ronchon. C’est la première fois que je vois son visage sans sourire et je suis choquée. Même quand il dort, il sourit.

— Que se passe-t-il Patyji?
— Quelqu’un m’a souhaité «Joyeuses Pâques».
— C’est cela qui te met de mauvaise humeur?
— Oui, la bêtise me met toujours de mauvaise humeur.
— Quelle bêtise?
— La bêtise des gens intelligents. 
— Euh… Tu peux développer?

Il reste silencieux trois secondes, puis il prend une grande respiration et me sourit. Je retrouve le sage lumineux que je connais.

— Merci de m’avoir posé la question, je me perdais dans un espace sombre. Tout cela n’a pas d’importance.

Il a piqué ma curiosité, j’insiste:

— Qu’est-ce qui n’a pas d’importance, Patijy? Pourquoi le fait de te souhaiter de joyeuses Pâques t’a-t-il chagriné? 
— C’est quoi, Pâques?
— La célébration de la passion du Christ, mort en croix pour transcender nos péchés, récité-je scolairement les réminiscences des quelques heures de cathéchisme de mon enfance.
— «Joyeuse» la torture d’une crucifixion?

Je reste bouche bée, la tartine figée dans la main. Patijy boit sereinement une gorgée de chaï. Il reprend, avec son sourire malicieux.

— Mais est-ce tout? Le Christ mort en croix et puis plus rien?
— Nnnon… Trois jours plus tard, il monte au ciel? dis-je avec hésitation, ma mémoire étant floue quant à la suite de l’histoire.
— Il ascensionne dans son corps de lumière. Elle est là, la joie de Pâques. Dans cette transformation. Ce message-là est mal entendu et c’est ce qui m’a chagriné un instant, mais ça n’a pas d’importance. Les gens entendent ce qu’ils sont prêts à entendre, voient ce qu’ils sont prêts à voir. Chacun son chemin, c’est juste que je suis parfois impatient avec les sourds et les aveugles.

Je le regarde de travers et il éclate de rire.

— Hé, je suis un humain, moi aussi! J’ai mes défauts et mes faiblesses. Et puis d’abord, sers-moi un café. J’aime le café, figures-toi.
— Merci, Patyji, lui dis-je en lui posant une tasse de café odorant sur la table, moi aussi, j’avais en tête la crucfixion en pensant à Pâques; je vais désormais changer l’image et célébrer le corps de lumière. Bien plus joyeux! Combien de sucres, dans ton café?






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