Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

dimanche 11 décembre 2011

C'est de la télépathie!


Supermarché, fin de journée, mois de décembre. Humeur au niveau de la ligne de flottaison, je suis fatiguée. Je promène mon caddie entre les rayons, morose, rien ne me fait envie. La corvée des courses effectuées sans appétit.

Une jeune fille arrive par la droite et me coupe le chemin. Furtive pensée rogneuse à son encontre, je l'évite en râlant. Les pensées en roue libre, je termine mes emplettes et me rend à la caisse.

Tiens, revoilà la jeune fille de tout à l'heure. Je l'observe, de dos, sans vergogne. Je scanne une jolie paire de bottes grises à talons, un collant noir, une jupe courte sous un gilet long qui la recouvre presque entièrement, laissant deviner un beau cambré sur croupe appétissante. «Beau cul» se permet mon mental débridé. Ses vêtements sont coordonnés, j'admire l'esthétique et le soins apporté à sa personne. Elle est maintenant de profil pour tendre les billets à la caissière et mon regard remonte jusqu'à son visage, à demi-caché par ses longs cheveux noirs corbeau. D'un coup d'épaule, elle envoie sa chevelure derrière son épaule et je vois «une vieille peau qui a peur de vieillir» …dicte ma concierge intérieure. Cette critique façon mégère s'accompagne d'une onde de mépris pour cette dame qui n'est plus vraiment une jeune fille. Elle a la quarantaine burinée ou une cinquantaine bien conservée, difficile à dire. Mes pensées se vautrent ainsi, désinhibées, dans un registre de basses fréquences, c'est à peine si je m'en rends compte.

D'où vient cette façon qu'ont les nanas, parfois, de critiquer méchamment leurs semblables? Ça doit remonter à tôt dans l'adolescence, quand la séduction se met en place et qu'une jolie copine est avant tout une compétitrice… Elles continuent d'émaner de mon cerveau pour tromper l'ennui, alors que j'attends mon tour à la caisse.

Alors que j'en suis à détailler son maquillage «un peu trop…», la femme tourne la tête et plante son regard dans le mien. Son regard est neutre, mais il dit fermement: «j'ai entendu cela».

«Pardon!» Une sincère contrition mâtinée de honte jaillit à la fois de mon coeur et de mon mental. Déjà, elle a tourné la tête, elle a payé, elle s'en va. C'est alors que je prends conscience de ce qui précède et qui s'est produit contre mon gré. J'envoie encore un pardon sincère et m'admoneste intérieurement. «Mais!? Enfiiin?!…»

La honte passe vite —après tout, ce dialogue n'a pas «vraiment» eu lieu—, j'utilise son résidu pour prendre la décision de désormais maîtriser mes pensées en tout temps. La dame m'a entendue, c'est certain. Pas sûr qu'elle en ait eu conscience, il y avait dans son regard, une once de surprise, mais je l'ai blessée, et je le regrette. Loin de moi cette intention.

Donc, la télépathie, ça marche! On le dit un peu partout, je viens de le constater. Ça me fait repenser à une observation récente que je me suis faite: quelque chose a changé avec le chat qui partage mon espace. Notre dialogue est devenu réel, ce sont de vraies conversations. Je me surprends à lui donner la réplique à haute voix. Au début, je croyais à une loufoquerie de ma part, j'inventais un jeu, pour rire. Mais non. Mistrigri me répond. Evidemment, ce ne sont pas des conversations philosophiques, mais c'est nettement plus élaboré que «faim» ou «sortir». Ça se traduit aisément en phrases:
— Miaou? (J'ai faim).
— Faim? Tu rigoles, pas le matin! Les croquettes, c'est le soir.
— Non, j'ai faim, c'est ridicule de me donner à manger à heures fixes, j'ai faim quand j'ai faim.
Incontestable argument qui me convainc de lui verser quelques croquettes dans son écuelle.

Bon.
Si la télépathie commence à si bien fonctionner, il va falloir faire gaffe.
Et congédier la concierge mégère pour la remplacer par une avenante hôtesse.
Vite.


Plus sur la télépathie, on ne sait jamais... :
http://ducielalaterre.org/fichiers/travail_sur_soi/la_t_l_pathie_6AS.php



jeudi 8 décembre 2011

La pandémie de la paix


Aux nouvelles du jour, une qui inquiète, celle que des chercheurs néerlandais viennent de créer un virus potentiellement très contagieux et mortel pour l’homme (…) «Je ne connais aucun organisme qui fasse aussi peur que celui-là. Comparé à lui, l’anthrax ne fait pas du tout peur».

C'est La marche d'un mot de Victor Hugo. La pandémie de la rumeur, la contamination par la peur une nouvelle fois à l'action. Combien de temps va-t-on encore marcher? Qui a encore peur? Et de quoi? Qui répand la peur? N'est-ce pas le moment de la regarder bien en face? Pourquoi diffuser ce genre de nouvelles? Pour vendre plus de vaccins, plus de pharmacie? À qui profite le crime? Suivez l'argent…

As-tu peur?
Crois-tu comme beaucoup que la crise que nous traversons va nous entraîner vers plus de chaos, ou pire: la guerre? Ou penses-tu que nous vivons une réelle mutation?

Tu parles de manques, de famine, de conflits, tout ça participe de l'ancien monde.
Tu dis: «moi je m'éveille, mais le peuple dort encore et il ne se réveillera jamais. L'homme n'est qu'un suiveur, le mal est profond.»

Tu parles de leaders qui mènent les autres. Encore la matrice.
Tu dis «peu sont capables de se déprogrammer», c'est faux et arrogant. Nous avons tous les mêmes outils, tous un cerveau et une capacité à réfléchir: prendre conscience, ouvrir les yeux, regarder, écouter ne demande pas un QI qui crève le plafond.

Le nouveau monde n'a pas un leader, chacun est son propre leader.
Le nouveau monde a une conscience élargie: celle que tout est lié et que la vie est précieuse.
Le nouveau monde ne connaît pas la peur ni le manque, car chacun sait que les ressources sont illimitées et surtout, qu'elles sont en nous.

Ce n'est pas la famine qui tue, ici, c'est d'abord la peur de mourir de faim.
Ce n'est pas d'engranger des vivres qui nous aidera à survivre et à dépasser la crise, mais c'est de partager nos victuailles et nos manteaux.
Ce n'est pas en se barricadant chez soi que l'on va évoluer, mais en sortant tendre la main à son voisin.

Le peuple, c'est nous.
C'est toi, c'est moi.
Tant qu'on le considère comme une masse extérieure à nous, une espèce de géant inévitable, le monstre "ça" —(ça va pas, ça doit changer, ça n'est pas de ma faute—, le truc bien pratique responsable de tous nos maux et qui n'est pas «je»... tant que le peuple, ce n'est pas toi, ce n'est pas moi, tout reste pareil.

C'est de l'intérieur que vient le changement.
C'est de l'intérieur que vient la paix extérieure.

Déjà des éveillés sont prêts et agissent. Localement. Intimement. Ils changent leur vie, la créé à leur image, selon leurs en-Vies. Ils ne portent pas de banderoles, ils s'indignent en silence. Un mouvement qui fait tache d'huile, et un de ces jours, ça va être répandu partout. Ceux qui sortent maintenant de la léthargie sont accueillis et rassurés par ceux qui se sont levés plus tôt.

En fait, il n'y a même pas besoin de dire stop, pas besoin de lutter ni de convaincre. Juste être. C'est la pire des pandémies. Faire la paix en soi, partout en soi, et alors elle rayonne.





La marche d'un mot


Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites !
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes ;
Tout, la haine et le deuil !
Et ne m'objectez pas que vos amis sont sûrs et que
vous parlez bas.

Écoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille du plus mystérieux
De vos amis de cœur ou, si vous aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu.
Ce mot - que vous croyez qu'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre –
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre ;
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin ;
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle !
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera ;
Il suit le quai, franchit la place, et caetera
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et railleur, regardant l'homme en face,
Dit : " Me voilà ! Je sors de la bouche d'untel."

Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

Victor Hugo

jeudi 1 décembre 2011

C'est le printemps !


Chaque année à Genève, le sautier ou la sautière du Conseil d'État et du Grand Conseil annonce l'arrivée du printemps. Depuis 1818, ce personnage très officiel observe, communique et consigne l'éclosion de la première feuille d'un marronnier situé sur la promenade de la Treille. Le marronnier de la Treille fait partie des "monuments verts" de Genève. 
Initiée par un habitant de la rue des Granges, qui dès 1808 avait pris l'habitude d'observer la foliation d'un jeune arbre situé en face de son domicile, cette coutume est chère à tous les Genevois. Le marronnier de la Treille fait partie, avec l'horloge fleurie, le jet d'eau et le Jardin anglais de ces «monuments verts» qui rappellent la longue tradition botanique des habitants de Genève. 
Une nouvelle largement diffusée
L'apparition de la première feuille du marronnier est une nouvelle largement diffusée par tous les organes de presse. Une planchette d'observations, recouverte d'un parchemin et enfermée dans une custode, porte toutes les dates depuis 1818. On peut la voir exposée dans la salle du Conseil d'État.
L'actuel marronnier officiel, désigné comme tel en 1929 après la disparition de ses deux prédécesseurs, est situé à l'extrémité est de la promenade. À proximité se situe le fameux banc de la Treille dit «le plus long du monde». Il mesure 120 mètres de long.

SOURCE : http://www.ville-geneve.ch/monuments-lieux-interet/patrimoine-monuments/marronnier-treille/

Tous les matins, le cahier des charges de la sautière de la République prévoit que, d'une part, elle doive impérativement passer sous le marronnier en question, peu importe où elle a garé sa voiture, mais aussi lever le nez vers sa frondaison et observer. Il y a pire comme devoir de charge: l'esplanade est belle, elle borde les remparts de la veille ville; jolie promenade avant que d'aller s'enfermer dans son bureau cossu et assumer des charges tout aussi sérieuses mais moins oxygénantes que celle-ci.

On aurait pu penser qu'entre septembre et fin janvier au moins, ladite sautière sauterait l'étape "observation des branches", la probabilité d'un bourgeon étant proche du nul, mais non!

En ce matin du 1er décembre 2011, la primesautière sautière annonça la pimpante arrivée du …second printemps de l'année.

Y'a de plus en plus de saisons!


lundi 24 octobre 2011

Idées noires


…Ou alors, on est des gros nazes qui s'illusionnent totalement sur tout, et en fait, on est tous en train de lentement agoniser. Les radios-activités ont fuku le gros shima, et on est rongé de l'intérieur. Les haarp, à force de jouer faux, nous détruisent lentement le cerveau. On croit qu'on pense, mais on est pensé à toutes fins utiles de surconsommation, d'abord, puis d'extermination ensuite.

On se désagrège au ralenti. On vieillit avant l'âge, les douleurs qu'on ressent, c'est pas de la mutation, c'est de la pourriture. On maigrit, on grossit, on se ratatine, on faiblit, et on croit que ça ira mieux bientôt. On fixe une date, 28 octobre 2011, puis on la repousse. Ah non, pardon, c'est pas tout à fait prêt, la moquette a pô été livrée. Remettons cela au 21 décembre 2012 voulez-vous? On nous dit ensuite que c'est pas tout ça, mais il faut que ça vienne de nous. Hé.. Ho.. Le paradis, ça se MÉ-RI-TE !!! Depuis le temps qu'on rame, ça nous fout encore plus le cafard, ça... Ah bon? Finalement, y'aura pas de Père Noël... Pfff....

La terre tremble, les méchants se méchantisent de plus en plus, faut voir comme ils sont moches et cruels! Et on sait qu'on ne sait pas tout! Oula! Paske si on savait, sûrement qu'on se flinguerait. Les riches s'enrichissent à jusqu'à l'écoeurement suprême (mais enfin, JAMAIS ils n'auront assez?), les pauvres rampent à plat ventre, ne disent toujours rien. Subissent. Attends, ça va s'arranger, ça peut pas durer, la galère, ça finit forcément un jour!
Ah bon? On en est sûr, de ça?

Encore un peu, on va perdre des doigts, attraper des pustules et ça va faire des bulles quand on cherchera à parler. Cheveux qui poussent à grande vitesse (ça vous rappelle pas les Dupont?), ongles impossibles à conserver courts, la peau qui devient jaune. On sera mignons.

Un truc bien, c'est qu'on n'aura plus la force de se taper dessus. On râlera en rampant pour sortir de la flaque de pus.
Ce sera bel et bien la fin, et après, quand on sera tous morts, y'aura RIEN !
Le néant total.

Tout ça pour ça...
lunettes


AHAHAHAHA. Pardon, les gars, j'ai juste envie de délirer.
Un post à la "idées noires de Franquin". Juste pour rire.

dimanche 25 septembre 2011

21 décembre 2012, 21h12


Le calendrier maya faisait couler beaucoup d'encre. Ou plutôt: il agitait des masses de pixels sur les écrans numériques, l'encre n'étant plus guère utilisée pour communiquer.

La croyance générale en fixait la fin au 21 décembre 2012 avec comme intitulé d'agenda: "fin du monde". C'était une manipulation habile de la part d'une minorité de gens pour distraire la masse de ce qui était réellement en train de se passer. On abusait de la crédulité des innocents, on focalisait leur attention sur des prophéties inquiétantes générant des peurs qui les maintenaient dans la paralysie. D'autres s'agitaient: certains construisaient des abris et engrangeaient des vivres, d'autres produisaient des films à gros budget, une partie réfléchissait à des solutions généreuses et collectives —sans grand succès—, mais la grande majorité faisait l'autruche, tenant ainsi illusoirement la peur à distance.

Le plan se déroulait dans les coulisses. En fait, le calendrier se terminait le 28 octobre 2011, pour autant qu'on puisse y mettre une date buttoir. Il s'agissait tout simplement d'un événement cosmique que les radars d'une certaine technologie avaient réussi à détecter, ainsi que les antennes intuitives des humains à l'écoute de leur corps. C'était, entre autres, une vague de vents solaires qui irradiait ce coin de cosmos. On se doutait qu'elle n'allait pas être sans effets sur la vie, mais on n'avait pas les moyens de déterminer lesquels. On avait observé les effets des premiers jours, en 1987, et constaté que la fréquence et le magnétisme terrestres étaient complètement bouleversés.

Un des effets inattendus pour un certain groupe de personnes malveillantes fut la destruction d'une technologie néfaste de contrôle mental. À nouveau libérée, la conscience évoluait. Vite. Les gens se posaient des questions existentielles et redonnaient un sens à leur vie autre que l'accumulation de biens inutiles et la satisfaction de besoins compulsifs.

Ceux-là avaient vite lâché toute controverses au sujet de cette fin du monde. Ils percevaient qu'une profonde mutation était en cours et profitaient du momentum. Les choses changeaient à la racine. Quand un tsuami arrive, personne ne tente de l'arrêter, ceux qui refusent de le voir sont des sots, les autres quittent la plage et trouvent un refuge sur les hauteurs. Cette vague-là, c'était bien plus qu'un tsunami: après son passage, les choses ne seraient plus jamais pareilles, c'était évident. D'ailleurs, les prophéties le disaient depuis des âges, on comprenait enfin de quoi on parlait depuis tout ce temps.

Cette communauté ne savait pas qu'elle était rassemblée. Les gens faisaient de leur côté ce qu'ils croyaient qui était le mieux. Ils enracinaient leurs convictions intérieurement, puis partageaient leur confiance, leur vision. Ils changeaient leur vie, soit brutalement, soit petit à petit, un peu malgré eux. Ils quittaient le système en place et réinventaient la solidarité. Aucune structure précise ne se mettait en place, seulement une vibration et une intention communes: le désir de paix.

Cette vague-là ajoutée à celle qui frappait la planète était en train de changer fondamentalement la vie sur cette planète.

Quand Shamain 2011 arriva, il y avait sur Terre un nombre significatifs de gens qui aspiraient à la même chose. Après cette date, la négativité ne fut plus possible. Les basses intentions, les instincts pervers, l'égoïsme et jusqu'au langage grossier devinrent douloureux. Physiquement. Le corps humain avait muté, pendant ces dernières années de voyage de la conscience incarnée, au point de ne plus supporter les basses vibrations. Les intentions ne purent faire autrement que de s'élever.

Ce jour-là, ce fut la fin du monde de la peur, la vibration n'étant plus possible à cette fréquence. —Non, en fait, ce fut réellement le 31 octobre que la bascule eut lieu, mais le cosmos se fiche des dates humaines. C'était juste une co-création "clin d'oeil" de l'humanité pour elle-même que la peur disparaisse le jour même d'Halloween.

Le 21 décembre 2012 à 21h12, quand le puissant alignement planétaire eut lieu, ce fut un grand coup d'accélérateur pour la société qui se mettait en place depuis un an, les gens enfin à l'oeuvre ensemble pour le bien de tous et de chacun. Les dernières autruches sortaient la tête du sable, les derniers malfaisants disparaissaient, soit en mourant, soit en rejoignant la lumière. L'humanité était enfin prête pour la grande rencontre fraternelle galactique qui eut lieu ce jour-là dans une ivresse de joie peu commune.

Le 21 décembre 2012, on célébra le solstice et l'alignement planétaire sur la Lune: on y avait une meilleure vue d'ensemble.

Ce fut aussi la dernière fois qu'on donna une date à un jour terrestre. Les mayas le savaient, c'est pourquoi leur calendrier s'arrête à cette date.


samedi 24 septembre 2011

La fin du monde


La crise avait exacerbé les peurs, et la peur est toujours mauvaise conseillère, c'était bien le résultat escompté. Au sommet, ils étaient ivres de satisfaction, de suffisance et de pouvoir. Rien n'allait les arrêter, ils étaient les maîtres du monde. La masse ignorait tout de tout, ils avaient gardé les avancées technologiques les plus performantes pour eux et caché la connaissance. «S'ils savaient, ces pauvres idiots, tout ce qui était possible à ce jour!». Pauvres naïfs dont la bonté les empêchaient de voir le mal.

Ils étaient arrivés là grâce à des alliances au noir, des collaborations occultes. C'était une fraternité diabolique qui avançait de conserve et acquérait toujours plus de puissance. Ils détenaient tous les fils du pouvoir, ces marionnettistes suprêmes. Ils avaient compris de longue date les mystères de la vie et leur premier accomplissement, une règle indispensable: tenir la population dans la plus grande ignorance de ces secrets. C'était leur plus grande fierté que celle d'avoir réussi à convaincre des populations entières que l'humain se trouvait dans un état de survie permanent. Le plus grand piège dans lequel tous étaient tombés fut faire croire qu'il n'y avait pas assez à manger pour tous sur cette gigantesque planète opulente. Ils vivaient au milieu des cultures et des élevages, et ils avaient faim. Quel gag! Cette chose-là les faisaient toujours autant rire et générait encore plus leur mépris pour les humains, eux qui ne l'étaient pas.

Ils étaient absolument sûrs de leur victoire, tout en ignorant leur but, car il n'y avait aucun autre plan que "plus de pouvoir". Ce qui était un plan stupide, dénuée de toute intelligence. Ces êtres-là n'étaient pas intelligents, seulement malins et compulsifs, leur dessein commun était de dresser la masse les uns contres les autres. C'était un petit groupe d'illusionnistes qui maintenaient le mensonge: tout et n'importe quoi pour éviter que les gens ne se rassemblent et prennent conscience de leurs capacités. Ils n'avaient aucune vision à long terme, juste des plans B, puis C, puis D… à mesure que les plans A s'épuisaient.

La seule vraie stratégie était de maintenir la peur et c'était si facile! Dès qu'ils avaient peur, ces animaux humains, ils se cachaient, se privaient, se méfiaient de leurs voisins, c'était un jeu d'enfant de les manipuler alors. Comme c'était drôle, et comme c'était rassasiant, ce pouvoir global! Le moindre foyer de colère leur était un festin de roi! C'était là leur soif et leur plus haute satisfaction: la négativité les maintenait en vie et les dopait.

Ils étaient rassemblés dans la même compulsion qui les menaient, leur loyauté allait à celui qui servait le plus immédiatement leur sombres desseins. Cette douteuse fraternité n'était qu'égoïsme à son paroxysme, on scellait des alliances ponctuelles dans le seul but de l'emporter sur la masse ignorante. C'était une meute de loups qui n'allait pas tarder à s'entre-dévorer, la trahison étant une nourriture des plus raffinées à leur banquet satanique.

Ils ne pouvaient pas comprendre, ces êtres dénués d'intelligence, que leur victoire était leur perte. À vouloir toujours plus de pouvoir sur l'autre, on finit par détruire ses proches, comment peut-il en être autrement? Pour demeurer seul au sommet, il fallait éliminer toute concurrence. Ils étaient incapables de partage, l'amour était leur poison. Ils avaient soif de haine.

Leur mépris grandissant, ils ne prenaient plus la peine de se cacher. Ces pauvres imbéciles gobaient tout, on y allait de plus en plus carrément. Le soit-disant terroriste kamikaze écrasait un avion détourné sur les tours avec ses papiers d'identité sur lui. On ne retrouvait pas une once de sa dépouille, mais son passeport était retrouvé intact sur les gravats. Comme ils avaient ri, ce jour-là!

Grâce à cela, la population ouvrait les yeux, constatait que ceux qui avaient le pouvoir ne l'utilisaient pas pour le bien de la communauté. Un peu hébétés, étonnés peut-être de n'avoir pas compris plus vite, ils avaient vite constaté que la rage et la haine ne faisaient que renforcer le pouvoir de la sombre élite. Il fallait trouver une autre solution.

Ensemble.
La notion faisait son chemin dans les consciences. Il fallait écarter la peur de son voisin, retrouver la confiance, et ensemble, faire basculer les choses. Reprendre son pouvoir individuel, mais pas sur les autres. Son pouvoir de décision, son pouvoir de création. Et puis ensemble, en masse, avancer vers le sommet. Les grignoter par le bas, en les aimant, en émanant amour et lumière. En les privant de leur nourriture préférée —la haine— en ne cédant pas aux bas instincts. Pas facile, car on en était arrivé à se méfier de tous, surtout de ses plus proches. On était devenu cynique, on scandait des mantras paralysants: "ça ne changera jamais, l'homme sera toujours un loup pour l'homme". Encore une de «leurs» programmations, encore une de leurs victoires.

Ensemble. Le concept se construisait. La vibration était nouvelle —ou très ancienne—, elle était surtout naturelle à cet être conçu pour incarner l'amour.

Ensemble, ce n'était pas nier son individualité le temps d'une guerre en uniforme pour emporter une victoire dont les bénéfices allaient nous échapper, et les dommages nous marquer à vie. C'était leur notion à «eux», une illusion, une manipulation de plus.

Ensemble, c'était engager son être tout entier dans une création collective fructueuse, mettre ses talents au service d'un projet commun où les génies se stimulent mutuellement et où le résultat final dépasse les imaginations individuelles les plus folles. Chacun y trouvant largement son compte, et plus encore, la société devenait enfin source de bonheur.

Ensemble. Le mouvement était lancé, le tsunami allait tout balayer.
Ensemble, ils reprenaient leurs pouvoirs et créaient un monde de beauté et de bonté, et cette bonté affamait les loups.

Les loups hurlaient, paniqués. Dans un sursaut désespéré, ils se nourrissaient de leur propre angoisse, de leur propre sang. Les loups, dans leur agonie, faisaient, sans le vouloir, un grand cadeau aux humains. La volonté de les séparer avait eu l'effet contraire: les humaines se rassemblaient dans une confiance retrouvée, dans une fraternité oubliée, il créaient une une solidarité fertile encore jamais expérimentée.

Trois jours de noirceur pour ceux qui ne savaient pas vouloir autre chose que le pouvoir. Trois jours de désintégration physique, leur corps ne résistant au taux vibratoire qui s'élevait en flèche. Quand ils furent en cendres, un vent souffla qui les dispersa.

Ce fut la fin du monde des loups.
On était le 21 décembre 2012



vendredi 23 septembre 2011

Elenin

L'objet est constitué d'une matière non détectable par la technologie terrienne, il va frôler la planète. Quelques dizaines de milliers de kilomètres, c'est rien à l'échelle du cosmos. Du moins, d'après les références des êtres vivants sur cette planète, la réalité globale du cosmos leur échappant totalement à leur entendement actuel.

La grande majorité de la population ne sait rien. Une minorité est au courant qu'une comète ou une naine brune se rapproche, et oscille entre angoisse et espoir. On parle de fin du monde depuis quelques années, on vit des temps d'apocalypse, le système s'effondre. Curieusement, la panique ne vient pas. Des foyers ponctuels, çà et là, des gens qui craquent, des dépressions un peu partout, mais pas de grands mouvement de rage ou de colère. De l'indignation, du ras le bol, mais pas de révolution sanglante, c'est un lent réveil, la plupart s'accrochant encore au connu, refusant de voir ce qui se passe. Depuis deux ou trois jours, la tension générale monte encore. C'est pleine lune, c'est l'équinoxe, c'est la crise ou c'est ma belle-mère, bref, partout les gens sont énervés.

Elenin a passé au plus proche de la planète, elle est repartie, trajectoire déviée par l'attraction des masses. Elle a laissé sa robe cosmique en cadeau à l'atmosphère terrestre. Une pluie de particules se répand silencieusement sur la Terre dont les habitants ne se doutent de rien.

Quand l'averse cosmique atteint le sol de la planète, une semaine plus tard, c'est le choc! La matière Elenin, lorsqu'elle entre en contact avec la croûte terrestre, produit une réaction alchimique qui détruit l'électro-magnétisme et provoque d'autres effets qui échappent aux compétences humaines. En quelques heures dans le monde entier, l'électricité est coupée et les mémoires effacées. Mémoires informatiques, mais aussi les mémoires biologiques. Le taux vibratoire crève le plafond, provoquant douleurs physiques et mentales. C'est un long spasme planétaire, une dernière contraction qui délivre un monde nouveau.

Ceux qui percevait cette notion sont émerveillés. Le voile se déchire, ils voient enfin la splendeur de la réalité avec des yeux douloureux et un cerveau enflammé par ce soudain changement physique. Les larmes de joie apaisent ce feu et l'amour enfin libéré guérit le reste en quelques heures. Ils se voient les uns les autres.

Certains qui tenaient une arme la lâchent, n'ayant aucune mémoire de la raison pour laquelle ils la tiennent entre leurs mains. C'est à peine s'ils savent ce que c'est, l'oubli va vite. En revanche, la vibration du métal et de la forme de l'arme chargée des intentions meurtrières qui l'a fabriquée est telle qu'elle leur fait horreur. Les mains vides après l'avoir rejetée avec dégoût, ils l'ont déjà oubliée. Ils ne voient plus que des frères humains autour d'eux, enveloppés de leur aura capiteuse. Leurs coeurs se gonflent d'un amour qui leur coupe le souffle, submergés de bien-être.

En quelques heures, la métamorphose fait le tour de la planète. La mémoire magnétique effacée, il ne reste que la mémoire vibratoire inscrite dans les cellules. La mémoire collective du monde, la mémoire personnelle des leçons de vie apprises au cours des multiples incarnations, celle qu'on a appelée la génétique. En quelques heures, la guerre s'arrête, on a oublié la raison pour laquelle on la livrait, les peurs disparaissent pour les mêmes raisons. On se sourit, on se rassemble, on s'embrasse.

Quelques-uns, fortement marqués de densité karmique, avides de pouvoir, n'y résistent pas. Leur coeur lâche, ils meurent d'amour.

Car ce qui atteint la Terre ce jour, ce sont des vibrations d'amour de la plus haute fréquence.



mercredi 21 septembre 2011

Gravats


Il a baissé la tête et n'a pas voulu voir.

Hier, le building voisin s'est effondré, provoquant un nuage de poussière âcre qui l'a bousculé dans sa routine, mais aujourd'hui, il est de retour dans ses habitudes, un tas de gravats en plus, un building voisin en moins.

Comme elle est forte, l'habitude, comme elle est rassurante! Il s'y accroche et s'y réfère, c'est grâce à elle qu'il est heureux. C'est l'habitude qui le protège de la peur. Pour ne pas avoir peur, il est donc important que tout événement soit intégré dans sa normalité, car ce qui est normal ne fait pas peur.

Après l'avion dans le building, il y a eu la chasse aux terroristes. C'était rassurant que des gens courageux (pas lui) mettent des habits de couleur uniforme et s'en aillent, loin, chasser le terroriste planqué dans la montagne responsable de l'avion dans le building. Lui pouvait continuer sa routine. Ouf!

Ensuite, il n'a pas bien compris, il y a eu d'autres guerres, loin également. Il sait que la politique lui échappe, à lui citoyen béotien, il laisse faire ceux qui savent. Il va travailler tous les jours contre un salaire qui s'amenuise avec le temps. Quoi? "Pas normal, il devrait plutôt augmenter?"… Si, si, on lui a expliqué que la guerre coûte cher et qu'elle est livrée pour les protéger, lui et sa routine, alors il faut qu'il sacrifie un peu de ses gains pour contribuer à payer les uniformes de couleur uniforme.

Il veut bien, lui, donner un peu, si c'est pour qu'il continue à se sentir en sécurité. Il fait confiance à ceux qui le gouvernent, c'est normal. Il baisse la tête et suit ses habitudes. Il n'a pas peur, il est heureux.

On lui a suggéré de mettre de l'argent en bourse pour s'assurer d'en avoir pour ses vieux jours. Il a trouvé l'idée excellente. L'angoisse du manque et de la vieillesse, à peine générée, s'est éloignée. Il avance ainsi, toujours heureux et confiant. Quand le système monétaire s'est mis à trembler, il a baissé la tête et n'a pas voulu voir. Il ne regarde, en biais, que le cours de ses actions, qui est toujours bon, et c'est bien. Son monde rassurant perdure.

Il avance, tête baissée, sur le trottoir devant le building où se trouve la compagnie qui l'emploie. Il ne sait pas encore que ce matin, à l'aube, la bourse mondiale a collapsé, c'est la banqueroute générale, et son boss a décidé de se passer de ses services…

Il passe à côté des gravats sans les voir, comme tous les matins, dans sa morosité habituelle et si rassurante.

mardi 20 septembre 2011

Mémoire aléatoire


Ce n'est pas tant qu'elle perd la mémoire, mais plutôt : elle lui échappe par moments. Par exemple, impossible de se remémorer le prénom de cette amie fréquentée assidument pendant quelques années qu'elle avait perdu de vue et qu'elle retrouve l'autre jour. Elle se souvient de tout le reste: les heures passées au parc ou dans leurs salons respectifs pendant que leurs enfants jouaient ensemble, les papotages interminables, les échanges de vue, sa philosophie de vie, tout… sauf son prénom!

Deux jours plus tard, elle ne se rappelle plus non plus de certains détails de leur conversation. C'est agaçant, il va faire quoi, son fils, maintenant qu'il a son diplôme? Justement, elles se sont revues à cette occasion: après des méandres de vie, leurs enfants ont suivi la même formation, sanctionnée par le même diplôme et c'est à la cérémonie de remise desdits diplômes qu'elles se revoient.

L'information est là, pas loin, mais elle ne vient pas à la surface. C'est comme si elle était sur un disque dur externe et qu'il ne soit pas branché. Si elle crispe pour s'en rappeler, c'est pire. La mémoire lui échappe encore plus, comme si elle avait une vie propre.

Oui, c'est ça. Sa mémoire est devenue une entité qu'elle ne contrôle plus. Il y a des passerelles avec peut-être des mots de passe, un nouvel "operating system". Les infos non nécessaires au présent sont stockées ailleurs, le firewall infranchissable, allez savoir pourquoi. C'est vrai que… Elle va pouvoir passer sa journée sans cette mémoire. Elle lui reviendra peut-être si elle croise ce jeune. Ou pas… Les pans de mémoire qui lui échappent sont anodins et c'est bien ce qui à la fois l'énerve et la rassure. C'est un mot précis qu'elle ne retrouve plus, mais qu'elle envoie en télépathie, et l'autre le reçoit. On dit "tu vois ce que je veux dire…" et l'autre voit. Elle s'est demandé si…Alzheimer? Non, hé, ho… Beaucoup trop jeune pour cela, et puis elle ne croit pas à cette maladie, mais c'est une autre histoire.

En revanche, elle se retrouve parfois avec des mémoires qui semblent ne pas lui appartenir. Ou alors elles viennent de loin. Très très loin… Ce sont des flashes image accompagnés de vibrations, de sensations. Des odeurs aussi. Souvent délicieuses, parfois immondes. L'autre jour, ça sentait le gaz ou l'essence juste sous son nez. Elle a humé autour d'elle pour trouver la source: nulle part ailleurs que sous son nez. Etrange. Elle capte des parfums de lavande suaves jamais égalés en vrai, des odeurs de vanille ou de cannelle dans des endroits où c'est sûr, rien n'est là pour les dégager: en balade dans une prairie, par exemple, ou en voiture. Ça dure un court instant, et puis plus rien. Un ange qui sent bon a passé…

Au réveil, pendant ces courtes secondes en le sommeil et le retour à la veille, elle "est mémorisée". Un nuage de mémoire l'entoure et se greffe sur la mémoire de ses cellules. Elle se désaltère de ce moment. Son corps alors déborde de son enveloppe physique, et elle retrouve un être plus grand qu'elle, androgyne, complet. Si seulement elle avait le mot de passe pour accéder à toutes ses mémoires! C'est juste la page d'accueil et elle l'est: accueillante. O combien! Les premières fois, cette mémoire était accompagnée d'une douloureuse nostalgie: celle d'un si long oubli.

Repousser le sentiment de frustration devant une porte fermée, repousser toute crispation, sinon la sensation s'évapore instantanément! Elle a la certitude que le contenu de cette mémoire-là est essentiel, bien plus que le prénom de l'amie ou des choix professionnels de son fils. Elle a également la certitude qu'elle va bientôt pouvoir le revêtir, ce manteau de mémoire? Peut-être convient-il de supprimer encore quelques dossiers obsolètes dans sa base de données actuelles. Hé, il n'y a peut-être pas besoin d'un mot de passe, et sur la fenêtre, c'est juste une alerte: "votre disque dur est plein, il n'y a pas assez de place pour enregistrer vos données".

Il lui semble pourtant que depuis quelques mois, une paire d'années, pas plus, les informations avalées par son cerveau ont décuplé. Elle lisait un journal alors, aujourd'hui, c'est l'équivalent de dix ou vingt… Et tout cela fonctionne vraiment comme son ordinateur: un serveur pour stocker les données, un champ de recherche avec mots-clefs, l'affichage des infos demandées. Et parfois, dans la masse de données, impossible de mettre la main sur le prénom de la copine ou le parcours professionnel de son fils. C'est qu'elle avait mal intitulé le dossier, probablement.

En revanche, le manteau de mémoires totales —il lui semble que ce soit cela: accès à une base de données universelle; en tous les cas, accès à la mémoire complète de son âme, celle de toutes ses incarnations— ne fonctionne pas du tout ainsi. C'est une mémoire non plus mentale, mais vibratoire qui passe par l'intuition. Comment dire…? C'est une mémoire qui agit sans passer par le mental.

C'est depuis la présence de ce manteau qu'elle vit dans un détachement tous les jours un peu plus grand, et surtout, dans la confiance. Les peurs s'effacent et la mémoire de ce qui les a causées avec. Elle s'accroche un peu, de peur (résiduelle et inepte) de ne pas se rappeler de quoi il faille se protéger. C'est inéluctable et malgré elle: la peur s'en va. Elle flotte entre deux mondes, un ancien qui s'enfonce dans la brume et le nouveau qui s'en extirpe lentement.

Comment sait-elle qu'il ne sert à rien de lutter? Peut-être la réponse est-elle contenue dans le manteau? C'est peut-être le manteau également qui lui dicte ce détachement: le chaos ambiant qui grandit tous les jours ne l'inquiète pas. Au contraire. Elle sait —mais d'où le sait-elle?— que ce qui vient est mille fois mieux que ce qui meurt. Et les efforts redoublés du moment pour nous faire croire le contraire n'ébranlent pas cette certitude.

Elle ne traite plus que quelques informations par jour, elle laisse passer la plupart sans y poser d'avis. De ce fait, donner à manger au chat et dialoguer avec lui devient beaucoup plus important que la bourse qui s'effondre. Oui, elle dialogue de plus en plus clairement avec le chat. C'est une grande âme, une montagne d'affection inconditionnelle. Un très bon compagnon.

Lui se souvient très bien de leur première rencontre, en Egypte, aux sources du Nil, et il voit bien qu'elle ne s'en souvient pas. Elle sait seulement qu'elle adore ce petit chat qui l'attendrit et lui remplit le coeur.







jeudi 1 septembre 2011

Otis, enfant de ce temps

À la dernière session du HCR (Haut Conseil de la Réincarnation), on avait dit d'accord. Ça urgeait. Il fallait des âmes élevées de retour sur Terre, pour les secouer, les déconnecter d'une programmation sclérosée, ils stagnaient sévère, ça devenait problématique. Si on ne leur donnait pas vite un sérieux coup de pouce, ils allaient tous y rester, en 2012. Le taux vibratoire qui commençait à atteindre la planète était tel que s'ils continuaient ainsi, collectivement, ça allait être un massacre! Leurs corps devaient impérativement muter avant que la planète n'atteigne ce coin de galaxie au rayonnement massif, et il fallait impérativement une grosse évolution de conscience pour qu'ils encaissent les forces à l'oeuvre.

On avait donc autorisé des âmes très anciennes et des âmes encore jamais incarnées à risquer le tout pour le tout. Mais il faut bien l'avouer, c'était une première et on avançait dans le brouillard. Jusqu'ici, c'était la routine, la roue de réincarnation standard: on prend les mêmes et on recommence. Couche après couche, avec des cycles meilleurs que d'autres suivant la position des planètes, et la conscience évoluait petit à petit, tranquille, un peu trop pépère.

A l'instar de beaucoup d'autres, Otis s'est porté volontaire. Une belle grande âme en expansion, rayonnement illimité, comme toutes les âmes. Celle-là a une intensité particulière, une lumière vivante, un petit quelque chose de cristallin et de charmant. Ils ont un peu hésité, au HCR. Mh..! trop grande âme, on ne voyait dans quel genre de corps elle allait pouvoir prendre place. Otis a insisté. Il voulait vraiment-vraiment servir.
— J'entends bien, Otis, dit l'archange Michael, mais là, on n'est plus dans les quota habituels. Même si tu te ratatines les ailes et descends tes vibrations au maximum, on n'a aucune idée des limites de tolérance du corps humain. On n'a jamais fait.
— On a expérimenté un bon bout dans les basses fréquences, ajoute Saint Germain qui s'y connaît en alchimie, mais il faut avouer : dans les vibrations élevées à ce niveau d'incarnation, on est resté dans des limites timides. On l'a joué petits bras, jusque-là.
— Vous savez qu'on doit tenter le coup! Je veux y aller. Je connais les risques, je ne tiendrai peut-être pas le coup très longtemps, tant pis. La vibration sera incarnée, même si elle doit être parasitée, même si elle ne passe pas bien, ce qui est important, c'est qu'elle soit sur Terre.

On l'a laissé s'enrôler. C'est vrai, il y a urgence, et qu'est-ce qu'on risque, au juste ?

Eh bien, au juste, on ignorait complètement ce qui pouvait arriver. Mais après tout, c'était ça ou le carnage assuré d'ici 2012.

Otis choisit un corps de mâle. Les parents, un joli petit couple aimant, des jeunes, innocents et sincères. Son choix fait, il décide de rejoindre le foetus en gestation. Hop, il glisse le long de la corde d'argent pour se placer dans l'utérus, comme à l'entrainement.

Quel choc ! Impossible d'approcher. Il est à deux mètres de sa mère quand elle tombe, terrassée par un vertige fulgurant. Pas de bobos, elle respire quelques minutes et mais ce gros malaise l'incite à consulter son gynéco qui lui prescrit une petit pharmacopée. L'effet de ces médicaments n'aide pas la tâche d'Otis, ils créent un bouclier énergétique qu'il doit forcer pour entrer dans le corps du bébé.

Pendant des semaines, Otis approchera à pas feutrés. La différence entre son taux vibratoire et celui de ces gens est effarant! Il ne s'attendait à rien de tel. Au fil des semaines, il finit par trouver un confort à peu près acceptable dans ces eaux amniotiques réconfortantes. Un équilibre s'installe, bien qu'il se sente très à l'étroit. Il se dit qu'il sait pourquoi il est là.

Le sait-il? C'est devenu confus… La densité de la matière lui brouille la conscience.
Oui, il y avait une intention précise, c'est tout ce dont il se souvient… Mais ce bruit, ces sensations partout, ce corps sensible et douloureux, c'est distrayant.

Il expérimente la douleur. Non, pas la douleur… le toucher. C'est cela! La conscience incarnée, ce sont des images, des sons, des sensations physiques. Elles sont tellement nombreuses et diverses qu'il est difficile de discerner entre agréable et désagréable. Sauf quand c'est franchement douloureux, comme lors des sondes à ultrasons. Quelle torture que ce truc-là! Ou quand on crie autour de lui, ou quand il lui arrive des aliments douteux. Quand sa mère fume, c'est affreux. Un goût écoeurant lui remplit les veines. Le pire, c'est quand elle fume un joint. Le taux vibratoire de cette substance est fascinant: comment est-il possible qu'il soit aussi bas? Quand elle fume ou qu'elle boit de l'alcool, c'est vite vu, il sort du corps. C'est intenable. Et les dégâts sur les corps subtils! Ils sont fous, les humains, tous les poisons qu'ils ingèrent! C'est de l'angoisse sur plusieurs octaves, c'est délirant, il ne s'attendait pas à ça.

Malgrét tout, Otis s'adapte et tient le coup pendant les neuf mois de grossesse.
L'accouchement "se passe bien" selon les critères humains, c'est-à-dire que c'est une boucherie de sang, de sons, de vacarme, d'angoisse, de peurs, de douleurs, de froid et de dur. Sale moment pour Otis. Ce petit corps et les multiples corps subtils qui le constituent endurent un gros stress et même si l'âme qui l'accompagne est grande, elle n'a pas la force physique. Sa conscience est souvent violemment expulsée par ces sensations incroyablement denses qui prennent le dessus. Il assiste alors, à distance, aux convulsions de cet être qui doit être lui, le temps d'une incarnation. Quand il gravite hors du corps, il se rappelle mieux sa mission et son intention. Il se souvient qu'il est de la plus grande importance qu'il s'accroche à cette vie. Il sait garder cette intention précise dans ce corps malgré les turbulences et la déconnexion d'avec sa conscience totale. Il ne se souvient plus pourquoi, dans ces moments-là, il doit s'accrocher, mais il sait qu'il doit le faire de toutes ses forces.

Dans les moments les plus calmes, il mesure le potentiel d'une conscience élevée dans un corps physique sain et mature: illimité! Etonnant! Cette puissance physique n'existe nulle part ailleurs. Il comprend l'utilité de l'incarnation: sans elle, pas d'évolution de conscience au-delà d'un certain stade. La conscience ne peut pas avancer seulement dans les plans subtils, la descente dans la matière est indispensable.

Tiens, d'ailleurs, la matière le rappelle à l'ordre. Il ressent dans son talon une douleur transfixiante qui le paralyse. Il est immobilisé, figé. Ah non, pourtant, son corps hurle de douleur et de protestation, il le voit rouge et convulsé. C'est quoi qui vient d'être détruit? Car c'est une mort. Quelque chose est mort en lui. Il explore… Une substance lourde est entrée dans son talon, mais ce corps ne dispose que d'un système rudimentaire de protection et est incapable d'y répondre. Cette agression provoque une rupture. Comme un fusible qui lâche quelque part. À peine né, ce bébé vient d'être vacciné. Les substances de maladie et les métaux lourds qu'on vient de lui injecter ont provoqué cette cassure silencieuse. Hormis cette brève crise de larmes, le corps ne peut manifester la gravité de ce qui vient de se passer: tout un pan de facultés "supra-normales" lui sont désormais inaccessibles.

Trop de bruit et de douleur, Otis va faire un tour dans le cosmos. Une pause, un moment de ressourcement dans les énergies d'unité. En bas, bébé s'est calmé et, enfin déposé dans un berceau, il s'est endormi comme une masse.

Avec le temps, Otis s'accommode du mieux qu'il peut des incessantes agressions. Il ne peut ni manger ni dormir selon ses besoins, les adultes autour de lui décident pour lui, selon des critères qui lui échappent totalement. Il n'a pas les moyens de se faire comprendre, ces gens sont sourds, aveugles et hurlants. Ce bruit, tout le temps! Ce son qui parasite tout! Impossible de faire passer un quelconque message subtil. Pas étonnant, ainsi jugulée, que la conscience évolue si lentement!

Il a fini par comprendre qu'en contrôlant le corps de bébé, il peut exprimer des choses simples, des besoins essentiels. La faim, l'inconfort. Mais c'est un langage archaïque pour une âme aussi avancée.

Durant les premiers mois de sa vie incarnée, il reçoit encore des vaccins, il est nourri avec des aliments lourds, pollués, il reçoit de l'attention et de l'amour, mais en trop petite quantité. Pendant le sommeil de bébé, quand il peut accéder à une plus grande conscience, il voit bien que ses parents font de leur mieux. De son côté, il fait de son mieux aussi, mais il n'avait pas prévu que ce serait si douloureux. Son système nerveux tendu comme une corde de violon ne se détend que dans de trop rares moments dans les bras de sa mère ou de son père.

Il faut seulement quelques mois pour que la nostalgie l'envahisse. Celle d'où il vient. Il sait bien que c'est un autre poison et qu'il faudrait bien s'en débarrasser, mais il ne sait pas comment faire, il n'en a pas les moyens tout seul. S'il était plus aimé, plus écouté, s'il était seulement un peu aidé… On lui demande de s'insérer dans un corps si petit, dans un vie étriquée dans des horaires et des programmes. Tout est cloisonné, régulé, organisé… On attend tellement de lui qu'il ne peut donner, c'est au-dessus des ses forces.

Si seulement on voulait bien recevoir de lui, ça mettrait en route un générateur d'énergies positives dont il pourrait se nourrir. En fait, Otis crève de faim. Il lui manque des nutriments énergétiques essentiels. Et ces poisons quotidiens contre lesquels il faut lutter à tous les niveaux : physique, émotionnel, spirituel!

Il n'a pas deux ans quand il craque. C'est trop pour lui. Son corps ne résiste pas à la tension, ce sont ses neurones qui flanchent et tout son système nerveux. Trop de distance entre le corps et l'âme. Il se met au diapason de son entourage: l'autisme. Puisqu'on ne sait pas l'entendre, il tente ce dernier moyen: utiliser le même langage. Un silence enfin protecteur. Enfin une forme de paix! Les agressions de l'atteignent plus. Et ça marche: depuis qu'on l'a diagnostiqué autiste, ça se passe mieux pour lui. On est plus doux, plus attentif. On comprend qu'il ne comprend pas. On comprend que quelque chose ne passe pas, c'est un début, …mais on est à des années-lumières de discerner la raison de ce "mal".

Pourtant, Otis est toujours là, grand et généreux. Comme il serait heureux qu'ils voient de quoi il est capable! Par exemple, il sait dessiner, Otis. Si seulement on l'avait laissé faire, il aurait fait de si belles peintures! Il sait chanter aussi, mais personne ne l'écoute, personne ne chante avec lui, pourtant, c'est le seul vrai but du chant: le choeur. Il sait aussi générer des couleurs en dansant. Et puis d'autres facultés dont on croit encore, sur cette planète, qu'elle sont "impossibles" comme la télétransportation. Enfin, il en serait capable si son corps n'avait pas été ainsi meurtri très tôt.

La télépathie, évidemment, qui lui permet de jolies rencontres à l'occasion. Surtout depuis qu'il est ici, en institution, avec d'autres enfants qui, comme lui, n'arrivent décidément pas à entrer dans ce moule trop petit. Des "hyperactifs" à qui on donne des médicaments psychotropes qui modifient leur niveau de conscience. On prescrit un dosage tel que ces enfants, hyper-créatifs, perdent le contact avec leur créativité et s'endorment. Leur âme s'endort, le plaisir et le désir s'éteignent, ils deviennent dociles. Enfin supportables pour leur entourage dont la créativité et l'enthousiasme ont été tués pendant l'enfance, à eux aussi. Là encore, les effets ne se voient pas, on considère donc qu'il n'y en a pas. Pourtant, c'est une bombe nucléaire à retardement.

Otis s'endort aussi. Par instinct de survie. S'il ne met pas cette barrière entre lui et le monde, il meurt. Mais il communique avec d'autres grandes âmes, de celles qui sont, comme lui, prisonnières dans un corps retord, proches ou lointains. Ils savent que la mutation est en cours, et chaque jour, ils récupèrent un peu de leurs facultés. D'ici 2012 et les années qui suivront, ils pourront totalement être régénérés. Les autres autour se seront réveillés et ils pourront faire ce pour quoi ils sont là:

montrer de quoi un humain est capable!


Petit conte inspiré d'histoires vraies relatées dans ce livre: 

mardi 30 août 2011

Meetic nerveux


C'était un de ces moments où le moral est à plat. Ça arrive à tout le monde; un coup de mou, l'horizon bouché. J'avais envie d'un géant qui me prendrait dans ses bras. Tiens, oui, un peu de tendresse, dans ma vie, voilà qui serait bien.

J'ai laissé vagabonder mon esprit chagrin et j'ai songé à Robert. Mêêêême Robert a trouvé une nana, il est amoureux, alors pourquoi pas moi, hein? Aline m'a dit qu'il l'avait trouvée sur Meetic. J'ai été étonnée, je pensais pas que c'était son genre, comme méthode de chasse.

C'était au milieu de la nuit, je n'arrivais pas à dormir, j'ai allumé l'ordi et je suis allée faire pareil. Personne ne le saurait, et puis je voulais juste voir sur le trombinoscope si y'aurait pas un amoureux possible dans le coin.

"Inscription gratuite", ils disent.
Alors j'ai remplis leur questionnaire un peu bidon et me suis créé un profil. Pas moyen de faire autrement pour faire son marché. Je dis "bidon", parce que nulle part, tu peux mentionner: caractère épouvantable à mes heures, angoisses et résidus de peur, dépendance affective en voie de guérison avec rechute possible; je veux bien un mec dans ma vie, mais il y a de fortes chances pour qu'il dérouille pour tous les précédents.

Non, tout ce que je peux dire, c'est si j'aime la montagne ou la mer.

Dans la morne nuit, je termine ainsi les dernières réponses un chouïa agacée, parce que je trouvais mon portrait incomplet, —plus tard, le message personnel de la Princesse au Prince potentiel—, et dûment inscrite et profilée, j'allais pouvoir voir les mecs...

Eh ben macache! Tu veux voir les trombines: tu dois payer!
L'inscription est gratuite, pas les rencontres. Et ils se mouchent pas du coude, c'est une mensualité dont j'ai déjà oublié le montant, tellement ma radinerie l'a emporté. — Tiens là non plus: nulle part tu peux mettre que t'es radine!....

LE PIRE: j'avais à peine cliqué sur "envoyer" mon profil que j'avais déjà des demandes pour voir ma photo! Punaise! Comme des mouches sur la fiente! Les mecs sont aux aguets même la nuit! Je me suis sentie très bestiau, sur le coup. "Rhaa, de la viande fraîche!"

J'ai snobé. Payer pour faire une rencontre, pikouahenkoc'h!? (— Robert a payé, lui? Voilà qui me surprend encore plus!)

Et depuis, tous les jours, Isabelle-de-chez-Meetic m'envoie des mails pour me proposer des mecs. Je les vois floutés, je suis sidérée du nombre de voisins qui cherchent une nana. Certains même dans mon quartier! J'essaye de discerner qui en plissant mes yeux sur la photo trouble, mais en vain.

Comme je suis toujours pas casée, Isabelle-de-chez-Meetic me les envoie toujours plus jeunes! Ces jours, ils ont 10 ans de moins que moi. Quand elle m'enverra des mecs de 25 ans, peut-être que je payerai pour voir. Comme au poker(?)



dimanche 28 août 2011

Enfant du présent


Depuis sept heures du matin, elle me guettait derrière la fenêtre, j'avais pourtant annoncé mon arrivée à sa mère en fin de journée. Elle le savait, et même à trois ans, elle pouvait comprendre que c'était beaucoup trop tôt pour que je sois là; n'importe, elle m'attendait. Elle s'enquit ainsi de mon arrivée à plusieurs reprises dans la journée, l'insouciance de son âge ne chassant pas cette idée de son esprit.

Marie et moi ne nous étions jamais rencontrées. Sa mère l'avait tenue au courant de ma visite en précisant que j'allais passer le week-end chez eux, que je dormirai dans la chambre d'amis. Simple babil entre mère et fille… Marie avait demandé qui j'étais pour sa mère.
— Une amie. Nous nous sommes connues sur internet, et puis il me semble que nous devons nous connaître d'une vie antérieure, parce que le courant passe bien entre nous.
Mère branchée, enfant éponge, Maman livre tout haut sa pensée, tant pis si petite fille ne comprend pas tout.

Mon amie m'a envoyé un sms pour me dire cela, que Marie a collé son nez derrière la fenêtre tôt ce matin et m'attend. Troublée par ce comportement, j'y pense en faisant la route. Marrant comme cette gamine me guette. Qu'est-ce qu'elle a bien pu lui raconter, Florence?
— Juste cela : qu'on a dû se connaître dans une autre vie, me dira-t-elle plus tard.

Quand j'arrive, je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Elle vient comme un chat, valide ma présence, ne fait pas de bisou —ce sera pour plus tard, quand nous serons plus familières—, sourit, fait demi-tour et repart jouer. C'est un courant d'air frais, cette enfant! Un morceau de cristal clair, une gorgée d'eau fraîche quand il fait soif. Je suis instantanément séduite.

Il fait beau, nous prenons nos repas dehors. Mes amis ont installé une table sur une palette de transport. Nous mangeons assis en tailleur à cette table basse, à la japonaise. Marie est à côté de moi, sur une chaise à sa taille. Nos deux têtes sont à la même hauteur et nos regards bien en face. Je ne sais pas pourquoi, mais elle provoque en moi une vraie jubilation. Elle est vive, gentille, amusante, elle a la curiosité de ses trois ans. Elle déclenche le clown en moi et je m'amuse avec elle. Je réponds à ses questions avec des loufoqueries, j'invente des histoires pour voir dans ses yeux qu'elle réfléchit à démêler le vrai du faux. Elle est malicieuse.

À un moment, je lance une clownerie en me tournant vers elle, mon nez presque sur le sien. Elle a des yeux transparent. Non, ils sont bleus. Son regard attrape mes yeux et je plonge en elle, tout comme elle plonge en moi. Je découvre un univers illimité, un espace limpide. Je sais, je sens qu'elle lit en moi. J'ai une fraction de seconde d'angoisse à être ainsi pénétrée, mais je me détends immédiatement : c'est sans violence. Un regard inconditionnel.

Elle me voit.

Dans mon entier, elle voit mon être complet. Je sais que je ne peux rien cacher, mais je sens nettement l'absence totale de jugement. Du moins de sa part, et je sais que je dois m'abstenir de tout auto-jugement, au risque de casser la magie de l'instant. Elle voit en moi. Elle voit partout en moi et je constate que je suis autorisée à la réciproque.

Je la vois.

J'avais entendu parler d'enfants "cristal", je comprends à l'instant pourquoi. C'est effectivement une énergie cristalline que je pénètre et qui m'englobe. Je me sens comme sous une cascade, l'eau et l'air sont purs. C'est doux, c'est gai, c'est stimulant. Cette petite est magique! Une fée, un morceau de bonheur. Je suis remplie de gaieté à son contact, elle rayonne un amour et une joie encore jamais rencontrés. Pendant ce regard qui dure trois secondes d'éternité, nous échangeons …des données. Je ne sais pas dire mieux. Une mise à niveau de nos données respectives. Comme un logiciel qui se met à jour et se synchronise sur deux machines différentes. Etonnant ! Ce n'est pas un donnant-donnant : je prends-je donne, c'est une fusion librement consenties par nous deux.

Hormis ces trois secondes d'intensité hors du temps, Marie sera une petite fille «normale» pendant tout le week-end, très occupée avec ses jouets, dans son monde. Elle m'étonne cependant par la qualité de sa présence aux autres. Le samedi, je m'amuse à l'entendre pousser un cri en jouant et j'en fait la réflexion à Florence, sans même remarquer que Marie a entendu. Le dimanche, elle me rappelle que "j'aime bien quand elle pousse ce cri". Je trouve étonnant qu'elle se souvienne ainsi, à son âge, d'une chose aussi anecdotique de la veille. Trois ans est un âge encore normalement très égocentrique où le reste du monde est accessoire. Mes goûts et mes couleurs, en principe, auraient dû être effacés de sa mémoire pendant la nuit.

Je me rends compte par la suite que nous avons abondamment échangé par télépathie. Sa mère et moi avons discuté sans fin pendant les deux jours de ma visite, Marie a plus d'une fois mis son grain de sel dans nos discussions parfois métaphysiques, manifestant un niveau de compréhension tout à fait étonnant. Pourtant, je ne m'en étonne pas. C'est un être complet en synergie avec son environnement.

Parfois, la logique des choses lui échappe, surtout quand cette dernière est très "ancien monde". Quand ce sont nos peurs ou nos programmations qui parlent, plutôt que notre âme. Je capte qu'elle s'adapte à sa vie comme si elle était une étrangère en visite dans un pays dont elle apprend les coutumes et s'y plie. Elle viendrait d'une autre planète que je n'en serais pas étonnée.

Je retourne chez moi avec l'empreinte indélébile de Marie. Les jours suivants, je penserai souvent à elle avec la certitude qu'à l'autre bout, elle pense aussi à moi.

Cette visite à mes amis a eu lieu il y a déjà des mois et nous nous sommes peu recontactés depuis. Pourquoi j'ai repensé à Marie ces jours ? je l'ignore, mais sa présence est aussi vivante que lorsque nous avons échangé ce regard.

Il paraît qu'ils sont tous les jours un peu plus nombreux parmi nous, ces enfants cristal.
Quelle chance !

Quelle chance aussi pour Marie d'avoir trouvé des parents ouverts et accueillants. Ces enfants, parfois, ne sont pas compris, car ils ne rentrent pas dans nos moules, beaucoup trop petits pour eux. Au lieu de les reconnaître "hypercréatifs", on les appelle parfois "hyperactifs". Alors, il se taisent. Dans ce cas, on les appelle "autistes".
Mais c'est une autre histoire...








samedi 20 août 2011

Ensemble


C'est la mutation. Ils ont d'abord pensé à une crise supplémentaire. Jeudis noirs qu'on a banalisés, puisqu'on s'était sorti du premier, là, avant… "La grande crise", la première, celle qui a tellement secoué le monde établi que ceux qui ne l'ont pas vécue en ressentent tout de même la peur. Celle qui a emmené le monde vers des sommets d'horreur, celle qui a montré de quoi de quoi l'humain est capable dans l'horreur et qui fait frémir encore les générations suivantes.

Aujourd'hui, certains pensent que c'est une autre crise de genre, qu'on va paniquer, on va manquer, il faut faire des réserves. Du sucre, de l'huile. Marrant comme dans les moments de panique, on fait des réserves de choses idiotes. Pourquoi pas des réserves de chocolat ? Ce serait moins déprimant à consommer que de l'huile sucrée dans les tréfonds des caves noires dans lesquelles on va se réfugier quand ce sera sauvage, dehors.

Non, cette fois, c'est différent. Pas de panique, pas de casse à grande échelle, pas de sauvagerie. On a déjà donné, merci, on a vu ce que ça donne. Rien de bon. Des millions de cadavres qui pèsent très lourd sur la conscience collective. Le collectif ne se laissera pas piéger une autre fois, c'est déjà établi.

Non, aujourd'hui, c'est autre chose, c'est nouveau, c'est la mutation. L'écroulement d'un système inique dès le départ. D'un système stupide, surtout ! Il faut peu de bon sens pour prévoir qu'un système pyramidal basé uniquement sur la croissance est perdu d'avance. La monnaie qui s'écroule, c'est pas grave, parce que voyons les choses en face : c'est pas avec des billets de banque qu'on se nourrit. — Le chocolat est bien plus nutritif.

La partie de Manipuly est finie, ils sont tous en banqueroute, et c'est grave seulement pour les joueurs qui avaient pris le jeu au sérieux. Et qui sont mauvais perdants, en plus. Tellement mauvais perdants qu'ils tentent de nous faire croire que c'est de notre faute s'ils ont perdu, qu'ils jouaient "pour nous" et que c'est à nous de payer, maintenant.

Ben tiens !

Pendant leur ennuyeuse et souvent hermétique partie de Manipuly, certains d'entre nous, ont inventé des jeux. Celui du développement durable, des énergies libres. Celui de l'écologie, de la solidarité. Et puis on a mis en place un grand jeu qu'on a appelé Ensemble. Un jeu gagnant-gagnant où le but, c'est l'imagination, la créativité, l'inventivité. Mettre nos ressources en commun pour construire une société idéale. Un jeu très amusant au cours duquel on s'est rendu compte qu'à oeuvrer ainsi, —ensemble—, on décuplait nos possibilités. Comme si certaines idées ne pouvaient naître que des idées d'abord rassemblées. Et puis ça dégageait de l'amour ! Une puissance peu commune. Ça créait de la force et de la guérison.

Vrai de vrai : les malades, tellement enthousiasmés par le jeu, oubliaient leurs maux et leurs douleurs et finissaient par totalement guérir. Gai-rire !! Qu'est-ce qu'on riait !

Alors quand, à côté, à la table du Manipuly, ils ont commencé à pleurnicher qu'ils perdaient, quand ils ont voulu nous faire quitter notre jeu pour aller les aider à regagner le leur, personne ne les a écoutés. On avait bien trop de fun à jouer à Ensemble: le Manipuly, c'est chacun pour soi en écrasant les autres. Nul, comme jeu !

Oh, ça s'est pas passé sans grincements de dents. Ça les a fait râler, ça, qu'on s'amuse sans eux… Perdre le pouvoir, ça les a mis de mauvaise humeur, ceux du Manipuly!  Ils se sont mal conduits, ils ont coupé l'électricité, coupé les vivres. Alors il s'est passé un truc bizarre, on a vu que les joueurs de ce jeu nouveau irradiaient de la lumière. C'était beau… Ce jeu était tellement riche qu'on n'avait plus ni faim ni soif. On se nourrissait du bonheur de jouer à Ensemble. 

Il y a eu sécession chez ceux du Manipuly. Certains, vraiment en colère, sont partis sur d'autres plans vibratoires, plus bas, pour retrouver des gens à manipuler. C'était plus possible sur cette planète, le taux vibratoire était trop élevé. Les autres ont renoncé. Ils se sont approché de la table du nouveau jeu et ils ont été contaminé. Ils ont fini, eux aussi, par jouer à Ensemble. 

Et la cerise sur le gâteau : il n'y a qu'une seule partie, à ce jeu, et elle est éternelle…



mercredi 3 août 2011

Gratttavache - 5

LUNDI

RAS à la tournée du matin, le petit monde animalier se porte bien. Je me mets au travail à l'ordinateur, et soudain, qu'est-ce que j'aperçois-je ?? Une chèvre sur la route ! Mais-mais-mais, qu'est-ce que c'est que ça, petit Cabri ? Je sors sans trop savoir que faire. Ce ne sont même pas "mes" chèvres, mais je ne peux pas la laisser là, des voitures passent qui déjà freinent interrogativement…

Je la pousse en direction du pré de la voisine et vais pour ouvrir le portail et la faire rentrer dans l'enclos. Mais le portail est organisé pour résister aux tentatives caprines de passer, et du temps que je décroche, déverrouille, pousse, tire et tente d'ouvrir, la petite chèvre a grimpé sur les marches de la cabane en bois, pris son élan sur un bloc de bois et hop, elle sauté la barrière et la voilà de retour avec ses congénères. Bon, très bien. Pas besoin de se fâcher… Encore un sauvetage. Facile, celui-là !

Le soir, je glisse un œil dans le poulailler, je compte les poules sur le perchoir, et…Poulette manque à nouveau à l'appel. Personne dans la litière du fond. Rhooo. Je fais le tour du pré, et puis tant pis, je ferme, souhaitant que Goupil ait choisi un restaurant de l'autre côté de la forêt.

Catherine appelle du sud de la France pour donner et prendre des nouvelles. À la fin de mon récit circonstancié, elle me demande : "Et Tigrou?" J'explique qu'entre lui et moi, c'est la défiance depuis le début. Il boude ou il snobe, je ne sais pas trop. J'en conclus que je devrais peut-être lui spécifier très clairement que je suis temporaire, que les maîtres du domaine vont revenir et surtout, que son royaume à lui est inchangé, qu'il en est toujours le chat superbe et généreux. On plaisante sur ce sujet, je raconte le bal qu'il fait en voyant que j'occupe "son" lit. Manifestement contrarié, il grimpe sur la mezzanine et en redescendant en tapant du pied, je le jurerais. Puis il passe la nuit je ne sais où, il me montre ostensiblement que c'est "lui ou moi". Je déclare à Catherine que, pour ma part, je l'aime beaucoup, je le trouve très beau, je lui trouve un air léonin, un roi-chat…

Plus tard, voilà Tigrou qui vient se coller près de moi pour un câlin. J'ai droit à un grand moment d'affection. Il a entendu notre conversation, c'est pas possible autrement ! Je le nourris, je le câline encore, et puis il va dormir dans son coin. Copains, mais tout de même pas au point de partager la chambre !
Bon.

MARDI

Boiteuse est là ! Vraiment, cette poule a un don d'ubiquité.
Ou alors c'est moi qui hallucine.

En fin de journée, je la descends de la grange, elle gambade avec les autres. Au moment de fermer le poulailler, je constate qu'elle est sur le perchoir avec les autres. Ah ben c'était moi, alors! Je m'attendais tellement à ce qu'elle soit au sol que je n'ai pas compté le nombre de poules perchées, et pourtant, elles étaient toutes là!

MERCREDI

RAS. Tout va pour le mieux dans le petit monde de Grattavache. Les poules picorent les croquettes pour chat, les chatons boivent l'eau des poules, c'est la grande solidarité, le grand partage. Je surveille le repas de Willy, ils préfèrent tous la pâtée aux croquettes, mais ça, personne ne disputera sa ration à Willy, j'y veille! Il se goinfre toujours en grande vitesse, j'imagine que dans son ventre, il doit y avoir des séquelles de malnutrition et une bonne dose d'aérophagie. Espérons qu'avec le temps, ça va s'arranger. J'en profite pour une petite séance de magnétisme pendant qu'il mange, il est tout à fait réceptif.

lundi 1 août 2011

Grattavache - 4

DIMANCHE

Journée sauvetages, ce dimanche.
Deux amies sont venues passer la journée, et je leur fait voir la maison. Dans le WC du rez-de-chaussée, il y a une énooooooOOOOoooorme araignée dans le lavabo depuis hier soir. J'ai eu beau lui demander de s'en aller, elle est toujours là ce matin et me fait remarquer qu'elle a pas réussi à s'extirper de cette endroit glissant. Bon. Je me décide à la retirer, quand je me rappelle que Françoise a crâné récemment qu'elle était cap de faire ça. D'entrée, je l'invite à me rendre ce service et deux minutes plus tard, Madame Araignée gambade joyeusement sur la pelouse dehors.

Il me semble que le poulailler d'Isabella est encore fermé, nous allons toutes les trois l'ouvrir. Ah ben non, c'est ouvert. On en profite pour dire bonjour aux chèvres et on s'en retourne manger sur la terrasse. Plus tard, une chèvre mène le bal et attire notre attention. Françoise pense que la chèvre qui nous a saluées tout à l'heure semble coincée dans le grillage. On décide qu'on ira après le café. Encore un moment, et la petite chèvre grimpe sur la barrière entre les parcelles des maisons voisines et bêle à tue-tête. OK, on y va, on y va !

Biquette a passé sa tête dans un trou du grillage et les cornes l'empêchent de se retirer. Elle est comme dans un joug, seule occupation possible : raser la végétation jusqu'à la terre sur 20 cm2, ce qu'elle a fait. A trois, nous la dégageons, et elle nous remercie en tournant autour de nous pendant quelques minutes.

Sinon, les familles félines et volaille vont bien. Tout rentre dans l'ordre. Willy m'attend au bord de la grange aux heures des repas et mange goulûment. Je remplis régulièrement les gamelles.

Poulette a à nouveau pondu son œuf et n'ose pas descendre. En fin de journée, je vais la chercher et la pose avec ses copines. La blonde s'affole et part en courant. Cette poule-là est bête : elle sort en dernier et court comme une folle pour rejoindre les autres en se trompant de côté de la barrière, par exemple, ou elle part dans l'autre sens quand je jette des graines. A la première de ces attitudes, j'ai pensé en rigolant : "Qu'est-ce qu'elle est blonde, celle-là !" C'est celle qui courra devant une voiture à perdre haleine sans avoir l'idée de se mettre de côté…

A l'étage, Pim et Pam commencent à jouer et à manger dans leur gamelle. Ils sont mignons à croquer, roux avec des yeux bleus.

samedi 30 juillet 2011

Grattavache - 3

SAMEDI

Réveillée tôt, —6h15—, je vais ouvrir le poulailler et retourne sous la couette avec un bon café. Plus tard, je vais faire la tournée du matin, et j'ai un choc ! Retour de Poulette ! Elle est installée sur un lit de paille, cool, relax.

Tant mieux ! Je préfère ! J'ai une pensée de compassion pour la nuit qu'elle a passée dehors, mais tout est bien qui finit bien.

Tourabi me tourne autour, je comprends qu'elle veut que je donne des croquettes à ses petits. OK, message reçu. Quand je pose la gamelle, c'est elle qui se précipite pour les manger. Ah bravo ! Mais elle me répond télépathiquement qu'elle montre l'exemple à ses petits. Bon, d'accord.

Dans la matinée, je trouve Poulette dans la grange. En fait, c'est une soupente remplie de foin pour les chevaux où les poules font leurs oeufs et où la famille chat Delagrange habite temporairement, jusqu'à la majorité des enfants. Comment est-elle montée là-haut ? Cette poule boiteuse a des dons de teletransportation, c'est pas possible autrement !

Dans l'après-midi, comme il fait beau, je nettoie la terrasse et demande instamment à la famille Poulaille de ne plus s'y promener, et d'aller déjecter ailleurs. Ça marche moyennement, mais comme je le demande à haute voix plusieurs fois, elles s'en vont à chaque fois, apeurée par le niveau sonore, et non pas accédant à ma demande…

Tournée du soir : je récupère Poulette. Manifestement, elle n'a pas réussi à descendre seule, elle a passé l'après-midi là-haut, — elles ont l'habitude, après avoir pondu, de hurler un bon coup tout en volant de la soupente sur la terrasse. Je lui colle une couche d'argile sur sa patte, et la met dans le poulailler.

Quand je donne à manger aux Delagrange, Willy se rue dessus. Il a son gros ventre, est-il toujours bourré de vers? Ou est-ce le retard de nutrition? Normalement, avec l'injection vermifuge du vétérinaire, il aurait dû les évacuer déjà. Comme il se laisse approcher, je lui remets de la pommade dans les yeux. Il proteste un peu, mais fonce à nouveau sur la gamelle dès que je le lâche. Il a nettement plus de force pour se débattre.

Je récolte 4 oeufs, remercie la famille Poulaille et souhaite une bonne nuit à tout le monde.

Dans la soirée, dans ma chambre, j'ai droit à une courte visite de Tigrou. Ce chat ne m'encadre pas depuis le début. Je dors dans le lit qu'il occupait, il ne semble pas lui venir à l'idée qu'on puisse partager... Il boude, je crois. Ma tête ne lui revient pas. Il vit ailleurs la journée, il ne dort plus dans cette chambre, et je ne suis pas sûre que ce soit bien lui qui mange la viande que je lui met dans sa gamelle. Ça me fait rire... Dommage, j'ai plein d'affection pour ce magnifique chat léonin.

Ce matin, j'ai surpris un membre de la famille Sauvage qui s'est tiré en quatrième vitesse du salon quand je suis descendue. Ce soir, je pense à fermer la porte. Il peut bien venir dans la cuisine, mais le salon, hé, ho… chat "sauvage" on a dit. Pas pantouflard. — Pis  quoi, encore, la télé, peut-être ?

La nuit descend sur ce petit coin de paradis animalier.

vendredi 29 juillet 2011

Grattavache - 2

JEUDI MATIN

Famille Delagrange :
Des prénoms sont venus spontanément. Pour la petite chatte : Lady, et Willy pour le mâle. Alors que je donne à manger aux chats adultes sur la table, Willy vient miauler au bord de la terrasse. "J'ai faim". Ouééé. Il va mieux. Je lui donne pâtée et médicaments, et Lady s'approche, alléchée par l'odeur. Elle ne se laisse pas attraper, mais je vois que ses yeux vont mieux, bien qu'ils coulent encore. Depuis le début, je leur répète que s'ils veulent des soins, ils doivent se laisser attraper. Plus tard, je vois que Lady mange aussi la pâtée médicamentée, mais Willy, affamé, va plus vite et mange sa part. Mais j'ai approché et elle s'est réfugiée sous des poutres. Je lui prépare une pâtée à son attention que je lui glisse sous la poutre. Willy se laisse caresser et je lui demande s'il veut vivre. Il entend la question, ne se l'était pas posée, et la réponse est plutôt positive. Je sens que de l'avoir posée lui insuffle un meilleur désir de vivre.

Réserves de croquettes et de granules dans l'eau, et hop, la famille Delagrange est parée pour la journée. 

Famille Poulaille :
Oups, je me rends compte que j'ai totalement oublié les poules voisines hier soir, et je vois que la porte est fermée ce matin. Bon. Ce soir, j'y penserai !

Hier, Poulette est vite retournée s'installer dans le poulailler. Dans l'après-midi, je lui ai mis l'argile, elle a trouvé cela surprenant, rigolo et soulageant. Ce matin, je la sors, le coq lui saute dessus, et elle rentre assez vite à nouveau dans le poulailler. Je la mets dans son panier et j'ai une petite conversation avec elle. Je demande si "cette poule veut vivre". Je ne sais pas pourquoi je ne lui demande pas directement, je demande à la Vie, je crois. Réponse : oui. OK, alors je sens de faire un soin vibratoire. J'appelle St-Germain, St François d'Assise, la déva des poules et je créé un vortex sur son panier. Je demande juste la dose pour l'aider et c'est un joli filet mauve-violet qui apparaît. J'ancre le vortex et l'intention, je dis à Poulette qu'elle doit manger et boire, et bouger un peu. 

Un moment plus tard, je jette un oeil, je la vois manger. Ah bon! Je craignais qu'elle ne se laisse dépérir. Et plus tard encore, je la vois nettement plus en forme, redressée, le cou droit. L'impression d'une nouvelle force en elle. A la tournée du soir, Poulette semble se maintenir, je lui remets de l'argile et elle rentre dans le poulailler. Je vérifier les poules de la voisine, la porte est fermée. Parfait, tout est en ordre.

Willy se rue sur la nourriture, je peux ainsi vérifier qu'il mange toute la dose de médicaments avec sa pâtée. Idem pour Lady un peu plus tard. C'est bien, c'est encore une journée de gagnée à pouvoir leur prodiguer des soins.

Pim et Pam Dumanoir sont encore très patauds pour jouer, néanmoins, je les stimule un moment. Tourabi me regarde de travers, elle ne sait pas si elle est énervée ou contente de ma présence. Quand je la gratifie d'un gros câlin, elle décide qu'elle est contente. Je discute avec elle et lui demande de me dire clairement à quel moment il faudra compléter la nourriture de ses petits. Elle me dit "qu'elle s'occupe très bien d'eux". Bon !
Ce sera tout pour aujourd'hui.

VENDREDI

Les chatons Delagrange sont bien plus vaillants et il me vient "qu'ils sont sortis d'affaire". Leur mère leur pique les croquettes Junior sans vergogne, tant pis, il y en a assez, je remplis les gamelles tout au long de la journée. Il a plu hier, et ce matin, un rayon de soleil vient faire rayonner les flaques d'eau. Ce matin, pas de pommade dans les yeux. Ils sont encore un peu vitreux, mais Willy tremble tellement quand je le traite que je décide de lui ficher la paix. Quant à Lady, impossible de l'attraper. J'arrive cependant à lui glisser une gamelle particulière avec dose de vitamines que je peux vérifier qu'elle mange bien.

Je sors Poulette qui semble de plus en plus inerte. Je la stimule un peu, la pose dans l'herbe fraîche. Elle se tient sur une patte et garde l'autre repliée. Elle est figée sur place, je suis inquiète, je me demande si elle souffre… Soudain, elle pose un gros caca et s'en va en boitillant. Elle suit les autres poules. Jusqu'ici, dès qu'elle était dehors, elle n'avait qu'un but : retourner au poulailler. Le coq la saute un petit coup, je lui fais abréger, l'engueule un peu, vilain macho, tu vois pas qu'elle est mal en point ? En même temps, on dirait que c'est une marque de considération, alors bon. Que sais-je au juste du comportement de la volaille ? En tous cas, elle bouge, et il me semble que c'est bon signe. Elle se met même à picorer l'herbe saturée de rosée.

Dans l'après-midi, Poulette est retournée au poulailler. J'ai laissé la porte de côté ouverte pour qu'elle ait de la lumière, il me semble que c'est plus guérisseur. 

Fin de journée, trois oeufs dans le fond de la grange. Merci la famille Poulaille ! Une nouvelle pâtée individuelle pour Willy, mais pas moyen d'atteindre Lady. Willy n'a pas peur du tout, il mange pendant que je le regarde. Ce qui fait fuir sa mère qui se rue sur sa portion de nourriture. Elle doit avoir faim et elle aussi, pourtant, je remplis régulièrement les croquettes pour les chats sauvages. Qui ne vont plus l'être si je continue à les nourrir ainsi ! Il faut dire qu'ils sont nombreux et que la nature alentour ne doit pas regorger de petits animaux en suffisance pour eux tous…  Willy et Lady vont nettement mieux, il s'agit pour eux de rattraper leur retard, désormais. 

Devant la table de la terrasse, il y a une chaise avec un placet en tissu. Quand tout est tranquille, les chatons du dehors se pelotonnent à plusieurs, et fuient à toute vitesse dès que j'arrive pour ouvrir la porte. C'est à mourir de rire !



Plus tard, je vais pour fermer le poulailler, surprise : Poulette manque à l'appel. Je fais le tour des alentours, rien ! Volaille volatilisée ! C'est à n'y rien comprendre ! Je fais plusieurs fois le tour, et une fois encore en début de soirée : rien de rien. Je ne vais pas m'affoler, je crois qu'elle a choisi son destin, bien que je n'arrive pas du tout à me figurer ce qui a pu lui arriver. Nous avions convenu avec mon amie que si son heure arrivait, je n'irai pas payer un vétérinaire pour l'euthanasier, mais plutôt offrir au voisin de la déguster sur sa table familiale. Ici, bien sûr, impossible de la manger après lui avoir donné des soins. Ce n'est pas très attachant, une poule, mais tout de même…

Je m'endors tout de même perplexe quant à ce qui a pu lui arriver.