Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

vendredi 5 avril 2013

Chaud, le printemps !



À la veille de l'équinoxe de ce printemps 2013, ma vie matérielle vient de s'envoler en fumée.

Cet après-midi-là, j'étais assise à l'ordinateur dans le studio où je vis et je travaille, situé dans une grande maison qui appartient à des amis. J'ai entendu un crépitement bizarre dans la pièce d'à côté, j'ai ouvert la porte pour aller voir, une fumée noire et âcre avait envahi le haut du couloir.

Dans la cuisinette, le crépitement venait des flammes déjà énergiques qui dévoraient le frigo. Les flammes venaient du bas, là où se trouve le moteur; sur le dessus, la cafetière et la bouilloire avaient pris feu aussi, le tout dégageait déjà une grosse chaleur. Une micro seconde m'a suffit pour comprendre qu'il était déjà bien trop tard. L'estomac noué, j'ai appelé les pompiers avec angoisse.

Dans ces moments-là, on refuse d'admettre son impuissance et on tente l'impossible. J'ai voulu sauver du matériel, j'aurais voulu être Mary Poppins pour pouvoir, d'un seul geste, injoncter à toutes les affaires de se rendre dans le jardin, dans la plus grande discipline et en rythme… J'ai tout de même eu le réflexe de jeter mon sac et une veste par le balcon, j'ai tourné encore quelques précieuses secondes comme une poule affolée dans mon bureau, et puis je me suis dit qu'il fallait sortir d'ici. J'ai ouvert la porte et l'ai aussitôt refermée. La fumée avait totalement envahi le couloir, elle était dense et âcre, digne des meilleurs effets spéciaux cinématographiques. Il ne m'est plus resté qu'à sauter par le balcon. Un petit trois mètres de hauteur, pas bien le temps de faire dans l'académique, je me suis reçue façon sac de patates. Mais heureusement, sans mal, hormis quelques bleus.

Les deux heures qui ont suivi furent dantesques. Le feu s'est propagé extrêmement vite, les pompiers sont arrivés aussi vite que possible dans ce petit village là-haut sur la colline. La borne à incendie avait peu d'eau et de pression, ils n'ont pu que limiter les dégâts pour les maisons voisines. Au matin, il ne restait qu'un immense tas de cendres des deux maisons mitoyennes. Les habitants, deux familles et moi-même, à la rue avec pour seules possessions les habits du jour sur le dos et la désolation au coeur.

C'est une chose très étrange que de se retrouver ainsi, dépossédé de tout ce qu'on croit qui fait notre vie, pour se rendre compte que l'essentiel est en nous. «Ce n'est que du matériel», tout le monde l'a dit, moi la première. Il n'y a pas eu de victimes humaines, mais les deux chats de la maison ont été asphyxiés. Des pompiers venus vérifier s'il ne restait vraiment personne dans la maison les ont sortis avant qu'ils ne soient mangés par les flammes.

Passé le choc de l'événement, les cadeaux arrivent. Car dans tout, il y a toujours un cadeau. Des messages de sollicitude qui font un baume au coeur très doux, des coups de pouce financiers, des dons (vêtements, meubles, etc.), bref, tout ce qui rend beau les êtres humains. Et rien que pour cela, cet incendie n'était pas une lamentable catastrophe. Je reçois d'autres cadeaux à d'autres niveaux que je n'ai pas envie de publier ici, et je fais en sorte de profiter du momentum de cet événement pour me propulser en avant dans ma vie, vers un meilleur accomplissement.

Je sais d'expérience que ces moments les plus douloureux sont aussi les plus enrichissants. Donc: merci.