Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

dimanche 9 février 2020

Au début...

— Au début était le Nom. Et le Nom fut proclamé depuis la Conscience Je Suis. Par le Nom, toute chose fut créée et de ce fait, rien ne put être créé sans le Nom. Dans le Nom était la Vie et la Vie était la splendeur du Nom. Cette lumière brille dans le Vide et le Vide accueille la lumière.

Patijy vient de prononcer ces phrases tout en oeuvrant sur son patchwork, dans le fauteuil de l'atelier où je dessinais en silence. Les mots semblent flotter dans la pièce comme un air connu. «Au début était...» reste en suspens dans mon esprit. Je murmure:

— «Au début était le Verbe». Depuis que je suis enfant, cette phrase m'emporte.

Je lui demande de répéter sa sentence, elle me pénètre lentement.

— Ce Nom, c'est celui dont tu m'as parlé hier? Le chant de l'âme? demandé-je.

— Oui. La signature individuelle de la parcelle de Conscience que tu es. On a dit qu'au début de la création, il y eu la parole. Une injonction: «Que la lumière soit!» et elle fut. Sur simple demande. Enfin, pas si simple, mais ce fut le premier éveil de la Conscience qui devint consciente d'elle-même.

— OK, je résume d'après ce que j'ai compris de nos récentes conversations: dans le néant immobile qui était au début de tout, sorte de soupe d'énergie immobile, il y avait une Conscience, mais inconsciente d'elle-même. Un jour, comme ça, une idée lui a pris de vouloir être consciente d'elle-même.

— C'est ça. Dans les écritures, on a dit que «Dieu a voulu se contempler lui-même».

— J'ai mis du temps à la comprendre, celle-là. Je le trouvais très arrogant, ce Dieu qui voulait s'admirer... Pourquoi ne pas tout simplement créer un miroir?

Patyji sourit:

— C'est bien ce qui s'est passé, mais pour en arriver au miroir, il a fallu créer toute la Création.

— Une question: qu'est-ce qui a provoqué cette volonté de conscience de soi?

— Bonne question. Je n'ai que des conjectures, répond mon sage compagnon. Peut-être que la Conscience s'ennuyait dans son immobilité? Peut-être que c'était prévu de tout temps? D'abord une conscience statique: J'existe, et rien d'autre. Et puis le désir d'être conscient d'exister est arrivé. Comment? Pourquoi? Je cherche encore les réponses, dit Patyji avec enthousiasme.

— OK, le désir, j'aime bien ça. Pour tout dire, pour moi, c'est ça le Big Bang. Ce désir qui a créé le Verbe qui créa la Lumière. Comment as-tu dit? Le Nom a créé toute chose. Genre: «Que la Terre, les végétaux, les animaux et les humains soient» et nous fûmes.

— Voilà! Le Nom a créé la Vie et de par son existence, la Vie a créé ou plutôt irradié sa Lumière, sa splendeur. C'est vrai, regarde autour de toi: la vie resplendit! De plus, et ça me paraît primordial, le Vide du départ a accueilli la Lumière. S'il ne l'avait pas fait, la Vie n'aurait peut-être pas continué, déclare Patyji.

— Et tout cela, ajouté-je, part de moi. Tout ce que je perçois est ma propre création, mais alors toi? Tu as aussi ta propre création? Comment pouvons-nous exister dans la même création?

Patyji pose son ouvrage et soupire:

— Il fait beau, si on allait se promener?

J'ai compris. Une conversation à la fois. J'ai de quoi occuper mes neurones pour un petit moment avec celle-ci. Nous reprendrons plus tard, quand j'aurai laissé ces notions prendre leur place dans mon corps. C'est mon gourou domestique préféré qui m'enseigne de laisser le temps à n'importe quel enseignement de la vie de pénétrer non pas seulement mon intellect, mais mon être physique tout entier. J'ignore où se pose la connaissance, mais je dirais bien qu'elle se mémorise progressivement dans l'ADN.

— Tu le sens, le réveil de la nature? me demand Patyji alors que nous descendons en direction de la forêt. C'est février, les énergies se remettent en mouvement dans le sous-sol. J'aime beaucoup cette vibration.



jeudi 6 février 2020

Intégration façon Pénélope

Peu après son retour, Patyji s'est lancé dans un patchwork. J'étais bien épatée, un matin, de le trouver occupé à piquer l'aiguille dans des morceaux de tissus. Quand je lui ai demandé ce qu'il faisait, il m'a répondu:

— J'ai vu que pendant mon absence, tu t'es acheté un nouveau lit, plus grand. Il lui manque un couvre-lit de la bonne taille, je me suis dit que j'allais te le faire.

Quand j'ai protesté que c'était super gentil mais  «qu'il ne fallait pas, blablabla....», il a sourit de son grand sourire bienveillant et a rétorqué:

— En fait, c'est aussi pour moi. Après ces mois de voyages et d'enseignements, j'ai besoin d'intériorisation et d'intégration. Occuper mes mains à un loisir créatif permet occupe un peu mon mental et permet ainsi une paisible méditation.

Tout en continuant son ouvrage, il me raconte ses voyages. Il est parti en quête d'éveil et de connaissance. Il a ainsi suivi des stages auprès de gens stimulants, il a rencontré d'autres personnes qui avaient la même soif d'ouverture de conscience. Il revient avec une radiance différente. Ses yeux brillent d'une lumière plus profonde, je le trouve plus serein et plus sage qu'avant son départ.

— J'ai adoré ces voyages, tu sais, j'ai rencontré des gens de bonne volonté et je reviens plein d'espoir pour un futur positif et excitant, c'est pourquoi j'ai été très surpris quand un matin, j'ai eu besoin de revenir à la maison.

Je note intérieurement que «la maison», c'est chez moi et j'en suis heureuse. Il poursuit:

— Ça m'a pris d'un coup, j'ai eu besoin de solitude et de silence. Je me sens vraiment comme la chenille en pleine métamorphose dans son cocon. Tout s'écroule en moi et autour de moi, tout devient nouveau. L'ancien qui s'écroule me fait bizarre, je ne peux m'empêcher de me sentir fragilisé et désorienté, mais le nouveau qui arrive s'annonce avec une splendeur encore jamais vécue et me transporte de joie. J'ai à la fois la terreur de ma vie et une totale confiance, c'est très étrange.

Je dois admettre que confusément, je comprends de quoi il parle. La marche du monde cafouille grave à la surface de la planète, plus personne pour nier que nous vivons une mutation de l'espèce. Que cette mutation soit biologique comme il semble le suggérer n'est finalement pas tellement étonnant.

Tout en assemblant son patchwork, il continue à parler et j'ai le sentiment que c'est autant pour lui que pour moi:

— Le mieux, c'est que j'accepte ce processus que je découvre. J'observe ce qui se passe intérieurement, je vois les énergies bouger. C'est tout un système de communication qui est en train de se métamorphoser. Je perçois mon ADN en train de se modifier, je sens mes cellules dégager un parfum différent, j'entends mon âme chanter mon nom.

— Ton nom, Patyji?

— Oui, et ce n'est pas le nom de ma naissance dans cette vie, c'est le verbe qui est mien depuis le début de ma conscience. C'est un chant, une vibration, une fréquence qui m'est propre comme toi, tu as aussi ton nom. Différent du mien, imprononçable, mais qui est la signature de chacun. C'est le rappel de ce chant qui est à l'œuvre en ce moment.

Il a traîné sur les syllabes du mot, j'entends «chaque un» et je le comprends ainsi: chaque être unique que nous sommes.

Nous restons silencieux tous les deux, en méditation émerveillée quelques instants. Puis il pose son ouvrage, plonge son regard dans le mien, prend une grande inspiration et me demande:

— T'aurais pas envie d'un café, toi?









lundi 3 février 2020

Il est question d'éveil

Patyji est de retour chez moi depuis quelques jours. Avant de partir, il y a déjà plusieurs mois, il s'était longuement ouvert à moi, il avait partagé un peu de sa sagesse et de ses connaissances. Il sait que cette incarnation est sa dernière sur Terre, il a attendu ce siècle pour atteindre sa réalisation.

— C'est quoi, la réalisation, Patyji?

— C'est le grand réveil de l'âme.

S'était ensuivie une longue conversation sur le sujet qui s'était prolongée tard dans la nuit. J'avoue que depuis que je le connais, il m'ouvre des portes intérieures.

Il m'avait alors annoncé qu'il partait à la découverte de l'Europe, il avait envie de rencontrer des gens, vivre des expériences. «Marcher et parler», avait-il dit.

Il est de retour depuis peu et il croustille d'anecdotes plus savoureuses les unes que les autres, notamment concernant ce processus de réalisation qui, il le précise bien, est personnel. Chaque être qui s'est réalisé dans le passé et qui se réalise aujourd'hui vit une aventure unique.

— C'est comme la grossesse, ajoute-t-il.

— Qu'est-ce que tu en sais? lui demandé-je d'un ton narquois.

— Je sais. Je me souviens. J'ai été mère dans plusieurs vies antérieures.

— Sérieux? Tu te souviens de tes vies antérieures?

— Oui, de la même manière dont on se souvient de son enfance, sensuellement. Les souvenirs sont souvent flous dans le mental, mais on se rappelle certaines sensations, des odeurs, des couleurs, des mémoires cellulaires.

Ce matin, il a emprunté ma voiture pour aller faire des courses. Au retour, il me raconte :

— J'arrive aux feux, je m'arrête au vert. Puis le feu orange s'allume, il passe au rouge et je démarre. J'entends une voix hurler dans ma tête: «ROUGE!!!!!!!». Je reviens à moi, je pense: «quoi, rouge...? Ah oui, rouge !!!!» et je freine. J'étais déjà bien engagé dans le carrefour. Personne derrière moi, j'ai reculé et je te jure que j'étais complètement paumé. J'ai eu un moment de grand flottement, j'aurais juré que le feu était bien rouge quand je me suis arrêté. Mon humain s'est convaincu de l'explication rationnelle qu'il devait être vert, mais une autre partie de moi sait que ce feu était rouge, puis orange, puis rouge à nouveau. Franchement, on ne saura jamais, mais tout cela pour dire que c'est le genre de choses qui arrivent quand on traverse ce processus de réalisation. La réalité change autour de soi.

— C'est déconcertant.

— Tu peux le dire. Imagine qu'on vit quelque chose comme la chenille qui devient papillon. Sauf qu'elle est enfermée dans son cocon et ne s'occupe que de se métamorphoser, alors que nous, humains, nous continuons à vivre notre quotidien comme si de rien n'était. Voilà pourquoi parfois tant de maux et de bobos aussi inconfortables qu'incompréhensibles. C'est la mutation. D'autant que depuis peu, il y a un éveil planétaire.

— Euh... ça signifie quoi, exactement?

— Ça signifie qu'il y a un nombre suffisant d'êtres en éveil qui font augmenter le niveau global de conscience. Après, c'est un choix individuel. On peut profiter de ce courant et se laisser emporter sans résister ou on peut choisir de rester endormi.

— Comme Neo dans Matrix, le choix de la pilule rouge ou bleue.

— Voilà. Sauf que bientôt, ce sera difficile de résister parce que la force de l'éveil augmente.

— Oui, mais l'éveil, ça se secoue!

— C'est brutal, oui. Mais magique, aussi!