Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

jeudi 6 février 2020

Intégration façon Pénélope

Peu après son retour, Patyji s'est lancé dans un patchwork. J'étais bien épatée, un matin, de le trouver occupé à piquer l'aiguille dans des morceaux de tissus. Quand je lui ai demandé ce qu'il faisait, il m'a répondu:

— J'ai vu que pendant mon absence, tu t'es acheté un nouveau lit, plus grand. Il lui manque un couvre-lit de la bonne taille, je me suis dit que j'allais te le faire.

Quand j'ai protesté que c'était super gentil mais  «qu'il ne fallait pas, blablabla....», il a sourit de son grand sourire bienveillant et a rétorqué:

— En fait, c'est aussi pour moi. Après ces mois de voyages et d'enseignements, j'ai besoin d'intériorisation et d'intégration. Occuper mes mains à un loisir créatif permet occupe un peu mon mental et permet ainsi une paisible méditation.

Tout en continuant son ouvrage, il me raconte ses voyages. Il est parti en quête d'éveil et de connaissance. Il a ainsi suivi des stages auprès de gens stimulants, il a rencontré d'autres personnes qui avaient la même soif d'ouverture de conscience. Il revient avec une radiance différente. Ses yeux brillent d'une lumière plus profonde, je le trouve plus serein et plus sage qu'avant son départ.

— J'ai adoré ces voyages, tu sais, j'ai rencontré des gens de bonne volonté et je reviens plein d'espoir pour un futur positif et excitant, c'est pourquoi j'ai été très surpris quand un matin, j'ai eu besoin de revenir à la maison.

Je note intérieurement que «la maison», c'est chez moi et j'en suis heureuse. Il poursuit:

— Ça m'a pris d'un coup, j'ai eu besoin de solitude et de silence. Je me sens vraiment comme la chenille en pleine métamorphose dans son cocon. Tout s'écroule en moi et autour de moi, tout devient nouveau. L'ancien qui s'écroule me fait bizarre, je ne peux m'empêcher de me sentir fragilisé et désorienté, mais le nouveau qui arrive s'annonce avec une splendeur encore jamais vécue et me transporte de joie. J'ai à la fois la terreur de ma vie et une totale confiance, c'est très étrange.

Je dois admettre que confusément, je comprends de quoi il parle. La marche du monde cafouille grave à la surface de la planète, plus personne pour nier que nous vivons une mutation de l'espèce. Que cette mutation soit biologique comme il semble le suggérer n'est finalement pas tellement étonnant.

Tout en assemblant son patchwork, il continue à parler et j'ai le sentiment que c'est autant pour lui que pour moi:

— Le mieux, c'est que j'accepte ce processus que je découvre. J'observe ce qui se passe intérieurement, je vois les énergies bouger. C'est tout un système de communication qui est en train de se métamorphoser. Je perçois mon ADN en train de se modifier, je sens mes cellules dégager un parfum différent, j'entends mon âme chanter mon nom.

— Ton nom, Patyji?

— Oui, et ce n'est pas le nom de ma naissance dans cette vie, c'est le verbe qui est mien depuis le début de ma conscience. C'est un chant, une vibration, une fréquence qui m'est propre comme toi, tu as aussi ton nom. Différent du mien, imprononçable, mais qui est la signature de chacun. C'est le rappel de ce chant qui est à l'œuvre en ce moment.

Il a traîné sur les syllabes du mot, j'entends «chaque un» et je le comprends ainsi: chaque être unique que nous sommes.

Nous restons silencieux tous les deux, en méditation émerveillée quelques instants. Puis il pose son ouvrage, plonge son regard dans le mien, prend une grande inspiration et me demande:

— T'aurais pas envie d'un café, toi?









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