Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

samedi 8 décembre 2012

Loi de l'attraction


Depuis une grappe de semaines, désireuse d'améliorer mes conditions de vie trop modestes à mon goût, je me suis penchée sur cette loi et son fonctionnement.

Constation: elle fonctionne.
Toujours. Tout le temps.

Le principe (on peut le formuler de plusieurs manières): j'attire ce que j'émets. Ou: je matérialise ce à quoi je pense le plus souvent. Pour les détails, je vous laisse vous référer à internet ou/et à votre meilleure librairie et/ou gourou qui regorgent de bons conseils sur le sujet.

Exemple pratique:
Grosse chute de neige, hier, dans ma région. J'habite à la montagne à 800m d'altitude, mais hier, j'étais en ville, en plaine, quand il a commencé à neiger. J'ai commencé à douter de mes capacités à conduire dans ces conditions, tout en visualisant que tout allait très bien aller, comme mes cours de LA (Loi de l'Attraction) me le suggèrent. Décidée à mettre la théorie en pratique, je me persuadais très fort que j'allais y arriver, et puis, je me rassurais avec l'idée que j'avais des chaînes dans le coffre. «Au pire: je mets les chaînes».

Je prends la route, mes pneus neige font leur office. La route grimpe un peu, ma voiture aussi. Et puis un grand bout à plat, c'était joli, on faisait la trace dans la poudreuse à trente à l'heure. Pour faire bon poids, j'avais appelé les anges à l'aide, j'ai grande confiance en eux.

Au village, avant la route qui monte assez raide jusqu'à ma maison, je décide de ne pas prendre de risques et de mettre les chaînes. TROP PETITES, les chaînes! Argh…

Parenthèse:
En écrivant ce billet, je prends conscience: Impossible de mettre des chaînes, elles sont trop petites. Aurais-je grandi? Mon être libre ne pourrait-il déjà plus s'enchaîner à nouveau? Bonne nouvelle.
Fin de la parenthèse.

En tous cas mes pneus ont grandi: ces chaînes à neige étaient prévues pour mon ancienne voiture, je croyais qu'elles allaient sur toutes les voitures. Désillusion et légère panique. Vais-je être bloquée à une heure à pieds de chez moi dans ces conditions? Bouh. J'hésite entre la résignation et la détermination. J'opte pour la seconde:
— Alllez, Titine, on grimpe! On s'encourage, on y arrive!

Je range les chaînes, redémarre et traverse le village. À l'embranchement: le chasse-neige. Il allait me laisser passer, mais en langage du corps au travers des vitres fermées, je demande:
— Vous allez par là?
— Oui, me réponds sa tête.
— C'est donc volontiers que je vous suis, racontent mes deux mains et mon sourire.

Je fais la montée derrière lui avec un air béat et la jubilation au coeur: un ange avec un chasse-neige! Trop fort!
À un moment, il va à droite, moi à gauche. Bah, le plus dur est fait, ici, la route est plate. J'arrive à la bifurcation du dernier tronçon: cent cinquante mètres d'un chemin en pente au bout duquel j'habite. Mais je me plante sur les dix premiers mètres. Pourquoi? J'ai vu la voisine, je veux la saluer et lui demander si, au cas où je n'arrive pas à grimper, je peux squatter son parking.
—T'aurais pas dû t'arrêter, qu'elle me dit, d'un ton un peu bougon.
Moi qui m'étais arrêtée pour un salut joyeux... Et puis elle n'est que moyennement accueillante pour le parking: elles attendent du monde demain matin pour un atelier, elles ont besoin de toute la place. Re-bouh.

Mon état d'âme est mitigé: à la fois jubilatoire d'être arrivée jusqu'ici avec une facilité déconcertante, le chemin tracé par un ange et son chasse-neige, et remplie de doutes et de craintes; j'ai besoin de preuves, j'ai des pensées parasites pratiquement conscientes du genre: «c'est pas possible, c'est trop beau, ça se peut pas, je suis mauvaise sur la neige, nulle avec la marche arrière», etc. Des programmations bien ancrées, bien stupides, par ailleurs, quand je les mettrai en conscience.

Je veux faire marche arrière pour reprendre de l'élan mais, les pensées négatives ayant complètement pris le dessus, c'est à deux doigts que je me mette dans le fossé. Je sors de la voiture, cette fois, j'ai peur. «Au secours, quelqu'un!» Les voisines arrivent à la rescousse, on va appeler Claude, …Claude comment, déjà? Pas le temps de trouver, l'ange au chasse-neige est de retour. Lui, une sangle et son gros tracteur me sortent de l'ornière. Je ressens une totale gratitude, plein d'amour, …tellement qu'il en rougit. Et c'est pas le froid, parce que je l'ai vu changer de couleur avec mon gros «mmmmille mercis» en provenance du fond de mon coeur.

L'ange déclare qu'il va dégager la montée. Yéééé. Je crois avoir compris qu'il avait prévu de faire l'autre route avant celle-là. Plus de gratitude encore envers lui et l'univers. Je le suis, une fois encore, mais une plaque de verglas fait riper mes pneus à vingt-cinq mètres de la maison. Là, je devient blonde. Les pensées négatives sont nettes et conscientes: «J'ai peur, je n'y arriverai plus, je vais faire n'importe quoi». À l'inverse, le fils du voisin, arrivé et bloqué derrière moi, déclare que c'est très facile, il vient de l'autre versan de la montagne, rien n'est dégagé, il a les mêmes pneus neige que moi, pas de souci, je vais y arriver. Non, je reste bloquée sur ma négativité. Je lui propose de prendre mon volant, ce qu'il fait, et il stoppe ma voiture juste avant les derniers quinze mètres non déblayés devant ma maison.

Je n'aurais qu'à faire une marche arrière dans la neige fraîche pour la parquer correctement, mais je ne discerne même plus cette facilité, je suis focalisée sur l'idée qu'il faut attendre le chasse-neige. À tel point que même la nouvelle voisine, sortie pour guetter le chasse-neige et s'assurer qu'il déblaye nos quinze mètres, ne voit pas non plus cette possiblité et abonde dans ma décision de laisser ici ma voiture: plantée au milieu de la route qui dessert encore trois maisons plus haut. Je rentre me mettre au chaud, submergée d'émotions dichotomiques. Je n'arrive vraiment pas à savoir si je suis joyeuse ou frustrée de cette expérience.

Deux heures plus tard, la voisine de plus haut vient râler que je lui bloque la route. Je ne m'étais pas rendue compte que ma voiture allait briser son élan et qu'à son tour, elle est maintenant plantée. Toujours dans une croyance d'échec et d'être mauvaise à conduire dans la neige, je prends le volant pour cette simple marche arrière et …je me plante une fois de plus sur la mini congère à franchir entre la route déblayée et mon chemin plein de poudreuse. Il y a une seule petite plaque de verglas, j'aurais pu la passer avec un peu d'élan, mais je n'ose plus rien et je crée exactement ce à quoi je crois: un nouveau plantage.

La nouvelle voisine me vient en aide, pendant l'autre voisine de plus haut, de mauvais poil, fait demi-tour et remonte chez elle en marche arrière, ma voiture étant suffisamment dégagée pour qu'elle puisse passer. Elle est manifestement tout à fait sûre d'elle, j'ai le sentiment que sa mauvaise humeur a même renforcé ses capacités de conductrice. Je note inconsciement la différence entre son attitude et la mienne: elle a tout pour y arriver, moi, tout pour échouer. La loi de l'attraction en pleine action!

Désormais bien parquée, ma voiture laisse la place au chasse-neige qui arrivera tôt le lendemain matin. Je déclare en riant que «je ne bouge plus jusqu'au printemps».

Mh…
Et puis je constate le résultat.
J'ai expérimenté EXACTEMENT ce que j'émettais. Résultat: je ne suis pas contente de moi, je n'aime pas du tout ce rôle de pétasse au volant dès que les conditions sont un peu difficiles. En fait, c'est la voisine de plus haut qui m'énerve bien! Comment elle a fait demi-tour et elle est rentrée chez elle! Je suis jalouse.

Dont acte: je décide de changer cela et je commence par effacer «jusqu'au printemps». Et puis, il existe quelque part en moi une conductrice de rallye qui non seulement maîtrise parfaitement son véhicule, mais se prend un pied gigantesque à conduire sur la neige. Pourquoi pas? Je me glisse maintenant dans sa peau et, désormais, quelles que soient les conditions de route, je passerai! C'est dit!

Et puis je vais aller m'acheter des chaînes de la bonne taille.