Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

dimanche 11 décembre 2011

C'est de la télépathie!


Supermarché, fin de journée, mois de décembre. Humeur au niveau de la ligne de flottaison, je suis fatiguée. Je promène mon caddie entre les rayons, morose, rien ne me fait envie. La corvée des courses effectuées sans appétit.

Une jeune fille arrive par la droite et me coupe le chemin. Furtive pensée rogneuse à son encontre, je l'évite en râlant. Les pensées en roue libre, je termine mes emplettes et me rend à la caisse.

Tiens, revoilà la jeune fille de tout à l'heure. Je l'observe, de dos, sans vergogne. Je scanne une jolie paire de bottes grises à talons, un collant noir, une jupe courte sous un gilet long qui la recouvre presque entièrement, laissant deviner un beau cambré sur croupe appétissante. «Beau cul» se permet mon mental débridé. Ses vêtements sont coordonnés, j'admire l'esthétique et le soins apporté à sa personne. Elle est maintenant de profil pour tendre les billets à la caissière et mon regard remonte jusqu'à son visage, à demi-caché par ses longs cheveux noirs corbeau. D'un coup d'épaule, elle envoie sa chevelure derrière son épaule et je vois «une vieille peau qui a peur de vieillir» …dicte ma concierge intérieure. Cette critique façon mégère s'accompagne d'une onde de mépris pour cette dame qui n'est plus vraiment une jeune fille. Elle a la quarantaine burinée ou une cinquantaine bien conservée, difficile à dire. Mes pensées se vautrent ainsi, désinhibées, dans un registre de basses fréquences, c'est à peine si je m'en rends compte.

D'où vient cette façon qu'ont les nanas, parfois, de critiquer méchamment leurs semblables? Ça doit remonter à tôt dans l'adolescence, quand la séduction se met en place et qu'une jolie copine est avant tout une compétitrice… Elles continuent d'émaner de mon cerveau pour tromper l'ennui, alors que j'attends mon tour à la caisse.

Alors que j'en suis à détailler son maquillage «un peu trop…», la femme tourne la tête et plante son regard dans le mien. Son regard est neutre, mais il dit fermement: «j'ai entendu cela».

«Pardon!» Une sincère contrition mâtinée de honte jaillit à la fois de mon coeur et de mon mental. Déjà, elle a tourné la tête, elle a payé, elle s'en va. C'est alors que je prends conscience de ce qui précède et qui s'est produit contre mon gré. J'envoie encore un pardon sincère et m'admoneste intérieurement. «Mais!? Enfiiin?!…»

La honte passe vite —après tout, ce dialogue n'a pas «vraiment» eu lieu—, j'utilise son résidu pour prendre la décision de désormais maîtriser mes pensées en tout temps. La dame m'a entendue, c'est certain. Pas sûr qu'elle en ait eu conscience, il y avait dans son regard, une once de surprise, mais je l'ai blessée, et je le regrette. Loin de moi cette intention.

Donc, la télépathie, ça marche! On le dit un peu partout, je viens de le constater. Ça me fait repenser à une observation récente que je me suis faite: quelque chose a changé avec le chat qui partage mon espace. Notre dialogue est devenu réel, ce sont de vraies conversations. Je me surprends à lui donner la réplique à haute voix. Au début, je croyais à une loufoquerie de ma part, j'inventais un jeu, pour rire. Mais non. Mistrigri me répond. Evidemment, ce ne sont pas des conversations philosophiques, mais c'est nettement plus élaboré que «faim» ou «sortir». Ça se traduit aisément en phrases:
— Miaou? (J'ai faim).
— Faim? Tu rigoles, pas le matin! Les croquettes, c'est le soir.
— Non, j'ai faim, c'est ridicule de me donner à manger à heures fixes, j'ai faim quand j'ai faim.
Incontestable argument qui me convainc de lui verser quelques croquettes dans son écuelle.

Bon.
Si la télépathie commence à si bien fonctionner, il va falloir faire gaffe.
Et congédier la concierge mégère pour la remplacer par une avenante hôtesse.
Vite.


Plus sur la télépathie, on ne sait jamais... :
http://ducielalaterre.org/fichiers/travail_sur_soi/la_t_l_pathie_6AS.php



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