Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

jeudi 1 septembre 2011

Otis, enfant de ce temps

À la dernière session du HCR (Haut Conseil de la Réincarnation), on avait dit d'accord. Ça urgeait. Il fallait des âmes élevées de retour sur Terre, pour les secouer, les déconnecter d'une programmation sclérosée, ils stagnaient sévère, ça devenait problématique. Si on ne leur donnait pas vite un sérieux coup de pouce, ils allaient tous y rester, en 2012. Le taux vibratoire qui commençait à atteindre la planète était tel que s'ils continuaient ainsi, collectivement, ça allait être un massacre! Leurs corps devaient impérativement muter avant que la planète n'atteigne ce coin de galaxie au rayonnement massif, et il fallait impérativement une grosse évolution de conscience pour qu'ils encaissent les forces à l'oeuvre.

On avait donc autorisé des âmes très anciennes et des âmes encore jamais incarnées à risquer le tout pour le tout. Mais il faut bien l'avouer, c'était une première et on avançait dans le brouillard. Jusqu'ici, c'était la routine, la roue de réincarnation standard: on prend les mêmes et on recommence. Couche après couche, avec des cycles meilleurs que d'autres suivant la position des planètes, et la conscience évoluait petit à petit, tranquille, un peu trop pépère.

A l'instar de beaucoup d'autres, Otis s'est porté volontaire. Une belle grande âme en expansion, rayonnement illimité, comme toutes les âmes. Celle-là a une intensité particulière, une lumière vivante, un petit quelque chose de cristallin et de charmant. Ils ont un peu hésité, au HCR. Mh..! trop grande âme, on ne voyait dans quel genre de corps elle allait pouvoir prendre place. Otis a insisté. Il voulait vraiment-vraiment servir.
— J'entends bien, Otis, dit l'archange Michael, mais là, on n'est plus dans les quota habituels. Même si tu te ratatines les ailes et descends tes vibrations au maximum, on n'a aucune idée des limites de tolérance du corps humain. On n'a jamais fait.
— On a expérimenté un bon bout dans les basses fréquences, ajoute Saint Germain qui s'y connaît en alchimie, mais il faut avouer : dans les vibrations élevées à ce niveau d'incarnation, on est resté dans des limites timides. On l'a joué petits bras, jusque-là.
— Vous savez qu'on doit tenter le coup! Je veux y aller. Je connais les risques, je ne tiendrai peut-être pas le coup très longtemps, tant pis. La vibration sera incarnée, même si elle doit être parasitée, même si elle ne passe pas bien, ce qui est important, c'est qu'elle soit sur Terre.

On l'a laissé s'enrôler. C'est vrai, il y a urgence, et qu'est-ce qu'on risque, au juste ?

Eh bien, au juste, on ignorait complètement ce qui pouvait arriver. Mais après tout, c'était ça ou le carnage assuré d'ici 2012.

Otis choisit un corps de mâle. Les parents, un joli petit couple aimant, des jeunes, innocents et sincères. Son choix fait, il décide de rejoindre le foetus en gestation. Hop, il glisse le long de la corde d'argent pour se placer dans l'utérus, comme à l'entrainement.

Quel choc ! Impossible d'approcher. Il est à deux mètres de sa mère quand elle tombe, terrassée par un vertige fulgurant. Pas de bobos, elle respire quelques minutes et mais ce gros malaise l'incite à consulter son gynéco qui lui prescrit une petit pharmacopée. L'effet de ces médicaments n'aide pas la tâche d'Otis, ils créent un bouclier énergétique qu'il doit forcer pour entrer dans le corps du bébé.

Pendant des semaines, Otis approchera à pas feutrés. La différence entre son taux vibratoire et celui de ces gens est effarant! Il ne s'attendait à rien de tel. Au fil des semaines, il finit par trouver un confort à peu près acceptable dans ces eaux amniotiques réconfortantes. Un équilibre s'installe, bien qu'il se sente très à l'étroit. Il se dit qu'il sait pourquoi il est là.

Le sait-il? C'est devenu confus… La densité de la matière lui brouille la conscience.
Oui, il y avait une intention précise, c'est tout ce dont il se souvient… Mais ce bruit, ces sensations partout, ce corps sensible et douloureux, c'est distrayant.

Il expérimente la douleur. Non, pas la douleur… le toucher. C'est cela! La conscience incarnée, ce sont des images, des sons, des sensations physiques. Elles sont tellement nombreuses et diverses qu'il est difficile de discerner entre agréable et désagréable. Sauf quand c'est franchement douloureux, comme lors des sondes à ultrasons. Quelle torture que ce truc-là! Ou quand on crie autour de lui, ou quand il lui arrive des aliments douteux. Quand sa mère fume, c'est affreux. Un goût écoeurant lui remplit les veines. Le pire, c'est quand elle fume un joint. Le taux vibratoire de cette substance est fascinant: comment est-il possible qu'il soit aussi bas? Quand elle fume ou qu'elle boit de l'alcool, c'est vite vu, il sort du corps. C'est intenable. Et les dégâts sur les corps subtils! Ils sont fous, les humains, tous les poisons qu'ils ingèrent! C'est de l'angoisse sur plusieurs octaves, c'est délirant, il ne s'attendait pas à ça.

Malgrét tout, Otis s'adapte et tient le coup pendant les neuf mois de grossesse.
L'accouchement "se passe bien" selon les critères humains, c'est-à-dire que c'est une boucherie de sang, de sons, de vacarme, d'angoisse, de peurs, de douleurs, de froid et de dur. Sale moment pour Otis. Ce petit corps et les multiples corps subtils qui le constituent endurent un gros stress et même si l'âme qui l'accompagne est grande, elle n'a pas la force physique. Sa conscience est souvent violemment expulsée par ces sensations incroyablement denses qui prennent le dessus. Il assiste alors, à distance, aux convulsions de cet être qui doit être lui, le temps d'une incarnation. Quand il gravite hors du corps, il se rappelle mieux sa mission et son intention. Il se souvient qu'il est de la plus grande importance qu'il s'accroche à cette vie. Il sait garder cette intention précise dans ce corps malgré les turbulences et la déconnexion d'avec sa conscience totale. Il ne se souvient plus pourquoi, dans ces moments-là, il doit s'accrocher, mais il sait qu'il doit le faire de toutes ses forces.

Dans les moments les plus calmes, il mesure le potentiel d'une conscience élevée dans un corps physique sain et mature: illimité! Etonnant! Cette puissance physique n'existe nulle part ailleurs. Il comprend l'utilité de l'incarnation: sans elle, pas d'évolution de conscience au-delà d'un certain stade. La conscience ne peut pas avancer seulement dans les plans subtils, la descente dans la matière est indispensable.

Tiens, d'ailleurs, la matière le rappelle à l'ordre. Il ressent dans son talon une douleur transfixiante qui le paralyse. Il est immobilisé, figé. Ah non, pourtant, son corps hurle de douleur et de protestation, il le voit rouge et convulsé. C'est quoi qui vient d'être détruit? Car c'est une mort. Quelque chose est mort en lui. Il explore… Une substance lourde est entrée dans son talon, mais ce corps ne dispose que d'un système rudimentaire de protection et est incapable d'y répondre. Cette agression provoque une rupture. Comme un fusible qui lâche quelque part. À peine né, ce bébé vient d'être vacciné. Les substances de maladie et les métaux lourds qu'on vient de lui injecter ont provoqué cette cassure silencieuse. Hormis cette brève crise de larmes, le corps ne peut manifester la gravité de ce qui vient de se passer: tout un pan de facultés "supra-normales" lui sont désormais inaccessibles.

Trop de bruit et de douleur, Otis va faire un tour dans le cosmos. Une pause, un moment de ressourcement dans les énergies d'unité. En bas, bébé s'est calmé et, enfin déposé dans un berceau, il s'est endormi comme une masse.

Avec le temps, Otis s'accommode du mieux qu'il peut des incessantes agressions. Il ne peut ni manger ni dormir selon ses besoins, les adultes autour de lui décident pour lui, selon des critères qui lui échappent totalement. Il n'a pas les moyens de se faire comprendre, ces gens sont sourds, aveugles et hurlants. Ce bruit, tout le temps! Ce son qui parasite tout! Impossible de faire passer un quelconque message subtil. Pas étonnant, ainsi jugulée, que la conscience évolue si lentement!

Il a fini par comprendre qu'en contrôlant le corps de bébé, il peut exprimer des choses simples, des besoins essentiels. La faim, l'inconfort. Mais c'est un langage archaïque pour une âme aussi avancée.

Durant les premiers mois de sa vie incarnée, il reçoit encore des vaccins, il est nourri avec des aliments lourds, pollués, il reçoit de l'attention et de l'amour, mais en trop petite quantité. Pendant le sommeil de bébé, quand il peut accéder à une plus grande conscience, il voit bien que ses parents font de leur mieux. De son côté, il fait de son mieux aussi, mais il n'avait pas prévu que ce serait si douloureux. Son système nerveux tendu comme une corde de violon ne se détend que dans de trop rares moments dans les bras de sa mère ou de son père.

Il faut seulement quelques mois pour que la nostalgie l'envahisse. Celle d'où il vient. Il sait bien que c'est un autre poison et qu'il faudrait bien s'en débarrasser, mais il ne sait pas comment faire, il n'en a pas les moyens tout seul. S'il était plus aimé, plus écouté, s'il était seulement un peu aidé… On lui demande de s'insérer dans un corps si petit, dans un vie étriquée dans des horaires et des programmes. Tout est cloisonné, régulé, organisé… On attend tellement de lui qu'il ne peut donner, c'est au-dessus des ses forces.

Si seulement on voulait bien recevoir de lui, ça mettrait en route un générateur d'énergies positives dont il pourrait se nourrir. En fait, Otis crève de faim. Il lui manque des nutriments énergétiques essentiels. Et ces poisons quotidiens contre lesquels il faut lutter à tous les niveaux : physique, émotionnel, spirituel!

Il n'a pas deux ans quand il craque. C'est trop pour lui. Son corps ne résiste pas à la tension, ce sont ses neurones qui flanchent et tout son système nerveux. Trop de distance entre le corps et l'âme. Il se met au diapason de son entourage: l'autisme. Puisqu'on ne sait pas l'entendre, il tente ce dernier moyen: utiliser le même langage. Un silence enfin protecteur. Enfin une forme de paix! Les agressions de l'atteignent plus. Et ça marche: depuis qu'on l'a diagnostiqué autiste, ça se passe mieux pour lui. On est plus doux, plus attentif. On comprend qu'il ne comprend pas. On comprend que quelque chose ne passe pas, c'est un début, …mais on est à des années-lumières de discerner la raison de ce "mal".

Pourtant, Otis est toujours là, grand et généreux. Comme il serait heureux qu'ils voient de quoi il est capable! Par exemple, il sait dessiner, Otis. Si seulement on l'avait laissé faire, il aurait fait de si belles peintures! Il sait chanter aussi, mais personne ne l'écoute, personne ne chante avec lui, pourtant, c'est le seul vrai but du chant: le choeur. Il sait aussi générer des couleurs en dansant. Et puis d'autres facultés dont on croit encore, sur cette planète, qu'elle sont "impossibles" comme la télétransportation. Enfin, il en serait capable si son corps n'avait pas été ainsi meurtri très tôt.

La télépathie, évidemment, qui lui permet de jolies rencontres à l'occasion. Surtout depuis qu'il est ici, en institution, avec d'autres enfants qui, comme lui, n'arrivent décidément pas à entrer dans ce moule trop petit. Des "hyperactifs" à qui on donne des médicaments psychotropes qui modifient leur niveau de conscience. On prescrit un dosage tel que ces enfants, hyper-créatifs, perdent le contact avec leur créativité et s'endorment. Leur âme s'endort, le plaisir et le désir s'éteignent, ils deviennent dociles. Enfin supportables pour leur entourage dont la créativité et l'enthousiasme ont été tués pendant l'enfance, à eux aussi. Là encore, les effets ne se voient pas, on considère donc qu'il n'y en a pas. Pourtant, c'est une bombe nucléaire à retardement.

Otis s'endort aussi. Par instinct de survie. S'il ne met pas cette barrière entre lui et le monde, il meurt. Mais il communique avec d'autres grandes âmes, de celles qui sont, comme lui, prisonnières dans un corps retord, proches ou lointains. Ils savent que la mutation est en cours, et chaque jour, ils récupèrent un peu de leurs facultés. D'ici 2012 et les années qui suivront, ils pourront totalement être régénérés. Les autres autour se seront réveillés et ils pourront faire ce pour quoi ils sont là:

montrer de quoi un humain est capable!


Petit conte inspiré d'histoires vraies relatées dans ce livre: 

1 commentaire:

lamorantona a dit…

J'adore ce style simple et merveilleux et sa me donne envie de savoir la suite!!!!!
Gisèle Mexico