Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

dimanche 28 novembre 2010

L'assurance de l'assurance

Comprenez-moi bien, je comprends le principe de l'assurance : je paye une prime à une compagnie, qui engrange mon argent et celui de tous les autres gogos assurés comme moi auprès d'elle et qui dit qu'elle couvrira les frais d'un sinistre qui me surviendrait.

Jusque-là, OK. C'est de la solidarité. Je fais l'autruche quant à savoir ce que fait Madame Assurance de tout l'argent qu'elle engrange, les spéculations, l'immobilier, les placements en bourse, je m'en fiche, on dit que c'est pas mon problème. — Elle fait des bénéfices indécents, m'en fous, veux pas le savoir.

Je paye donc une assurance pour ma voiture, prenons cet exemple. Je suis plutôt bonne conductrice et il ne m'arrive rien, à part quelques plaies et bosses de carrosserie que je laisse guérir sans pansements. Tant pis pour les cicatrices.

Un jour, cependant, c'est le choc. J'emboutis salement un poteau. Il s'en sort sans mal, en revanche ma petite voiture nécessite un séjour à l'hôpital qui produit une grosse facture. Qu'à cela ne tienne, me dis-je, j'ai payé des primes depuis des mois et des années, c'est le moment de faire marcher mon assurance.

Et là, à nouveau, je quitte la planète bon sens, car on me propose de "racheter mon sinistre".

Quoi? Comment? Madame Assurance m'explique alors qu'avec sa grande calculette, elle a  fait le compte pour moi : si je paye moi-même la facture de l'hôpital de ma voiture, ça me coûtera moins cher, à la fin de ma vie, que si je fais marcher l'assurance et que je me voies infliger un malus parce que j'ai eu un accident.

Non, c'est pas vrai, elle peut pas être sérieuse. C'est que je suis une simple, moi. Contrat, primes, accident, l'assurance paye, basta. Ce raisonnement me paraît si tordu que j'hésite entre croire à un gag ou y voir une tentative de me flouer. L'humour chez Madame Assurance? mh...

Je résume, elle me demande de payer des primes d'assurance ET les réparations en cas d'accident. Si vraiment c'est pas de l'humour, on me prend habilement pour une gourde en me faisant croire que c'est pour mon bien. Il n'y a plus qu'à espérer que je vive très longtemps pour que ce soit un maximum rentable pour moi.

Non, je retrouve mon bon sens et je demande : dans ce cas, est-ce que s'il-vous-plaît, je pourrais ne pas payer une assurance pour commencer ? Parce qu'au final, elle ne me sert à rien, puisque je vais payer la réparation, et alors j'aimerais bien ne payer de primes le reste du temps, voyez-vous ?

AH NON !
L'ASSURANCE EST O-BLI-GA-TOIRE !
Hé, ho, ça va pas ?
Et si tu n'avais pas les moyens de payer une ggggroosse facture en cas de ggggros accident?

Elle a réponse à tout, Madame Assurance. Et puisque tout le monde semble n'y trouver rien à redire, que veux-tu, j'obtempère, moi. Mouton dans le troupeau. Alors, depuis tout ce temps, je paye sagement les mensualités, mon malus redevient un bonus, chic youpi, elle est pas belle, la vie ?

Un jour, je change de canton, j'immatricule ma voiture dans le nouveau canton et Madame Assurance Dunouveaucanton m'appelle. Me propose de revoir ma couverture. J'écoute, et je décline... N'y vois pas l'intérêt. On discute civilement, je lui expose mon opinion au sujet du rachat des sinistres, espérant la convaincre, je ne désespère pas.
Illuminée, elle porte alors l'estocade en me proposant une assurance complémentaire pour couvrir la perte du bonus en cas de sinistre.

L'assurance de l'assurance!
Mais oui bien sûr ! Et la marmotte... Même chose avec les spéculateurs qui gagnent de l'argent avec de l'argent. Ce qui me donne envie de hurler, c'est pas tellement qu'ils essayent, après tout, c'est de bonne guerre. Mais que ça marche, voilà qui me fascine !

Donc : je payerais une prime supplémentaire d'assurance pour couvrir la perte ... la différence... ce que ça ne me coûterait (pas) si je devais payer moi-même...
Non... Une assurance pour combler le malus ...Pour ne pas perdre mon bonus.

Je renonce. C'est tellement tordu que ça paraît logique. Et toujours, le verbe "payer" qui se conjugue à sens unique. Je paye, tu encaisses, il déguste, nous sommes des gogos, vous êtes des petits malins, ils s'engraissent sur notre dos.

Moi, je sais seulement que si je n'avais pas payé d'assurance du tout depuis toutes ces années de conduite, ça m'aurait coûté nettement moins cher ! Alors la fille, quand elle m'a proposé l'assurance de l'assurance, elle a eu droit à mes bras ballants :
— Ah oui, mais non. Je comprends votre logique, mais c'est pas la mienne, désolée. Trop c'est trop. J'ai juste l'impression de me faire entuber d'entuber. L'assurance de l'assurance, non, vraiment, non merci...

Elle a bien tenté d'argumenter, mais en vain. Sur coup-là, je ne suis pas le troupeau.

Aucun commentaire: