Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

dimanche 13 juillet 2014

Mont-Blanc

J’ouvre la boîte sur laquelle la marque prestigieuse est inscrite en lettres blanches. C’est une plume à réservoir offerte par un auteur satisfait. Je la reçois comme un joyau et j’en suis profondément émue.  En tant qu’Occidentale, la première chose qui m’est venue à l’esprit en le recevant est le prix du cadeau, mais une chose me touche plus encore: cette plume arrive peu après ma décision de publier un roman. L’objet vient soudain verrouiller mon intention et je sens qu'il n'est plus possible de renoncer à écrire avec un tel accessoire.

L’homme est d’origine asiatique et il y a dans son geste toute l’esthétique de sa culture. Il m’a offert la plume tout en me laissant le choix de l’encre. Je me déplace jusqu’à la boutique qui se trouve en centre ville, une arcade aussi prestigieuse que la marque dans un quartier qui ne l’est pas moins. Un portier m’ouvre en me souhaitant la bienvenue et je me sens l'âme d'une reine.

Je désire une encre violette. La jeune femme qui me reçoit est désolée, il ne lui en reste plus. Avant de demander qu’on la commande, j’envisage les autres possiblités. Il y a longtemps que je n’écris en plus en bleu, cette couleur me rappelle mes années d’école. J’ai longtemps écrit en noir, mais je trouve cela désormais ennuyeux. On me propose un «rouge Bourgogne» somptueux. Hélas, les lettres tracées sur le papier avec cette couleur semble écrites avec du sang. Une morbidité amusante, mais peu attrayante. Sinon, il y a un turquoise foncé très joli et un brun intéressant.

J’aime le violet, j’insiste. Pourriez-vous passer la commande? L’hôtesse me répond par l’affirmative,  en allant tout de même vérifier à l’étage, il lui semble qu’il reste un emballage d'encre violette.

Effectivement.

De retour chez moi, je remplis religieusement ma plume avec des gestes dignes d’une cérémonie du thé. C’est un bel encrier en verre, prévu avec ingéniosité pour tremper la plume sans faire de taches et pour permettre d'aspirer l’encre jusqu’à la dernière goutte du flacon. Pendant l’opération de remplissage, on peut voir le niveau dans le petit regard transparent de la plume, c’est amusant.

Je fais aller le bec en or sur le papier. L’encre hésite, elle traverse la plume pour la première fois, ça donne trois lettres invisibles, et puis le flot régulier coule agréablement. Je fais des phrases improvisées juste pour savourer le délié de l’écriture qui se déroule. J’écris cinq fois de suite: «une magnifique plume pour une belle écriture, je suis contente, merci beaucoup».

J’attrape un bristol et je calligraphie une carte de remerciement à l’adresse de l’auteur satisfait pour lui exprimer une bien réciproque considération.

À la fin, ma signature chaloupe de plaisir.










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