Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

lundi 6 décembre 2010

Contractions

J'ai fini par appeler ça des contractions. Tellement similaires à celles d'un accouchement. La douleur s'annonce, incontournable. Elle monte en intensité, impossible de lutter contre, il faut l'accompagner. La vivre.

Pourtant situé à un point précis, elle irradie dans tout le corps. Ici, ce n'est pas une douleur physique, mais plutôt vibratoire. Cette densité rappelle celle de l'angoisse, alors j'y colle ma plus grande peur. Ou ma peur du moment.

Qui accentue le malaise. Défilent alors les idées les plus noires, les sentiments les plus extrêmes. Il m'arrive d'avoir réellement envie de quitter ce corps. Pas de mourir, non. Rien de morbide. Juste m'extraire de cette enveloppe douloureuse pour trouver le soulagement.

Quand je me crispe contre cette douleur, elle devient transfixiante. C'est la panique dans l'ordinateur central, le mental s'affole. Parce que tout cela est nouveau, c'est du jamais vu, les neurones et les synapses s'emmêlent. Besoin d'analyser pour avoir le sentiment de contrôler… Mais aucune référence valable pour le faire.

Les intestins noués, je respire profondément, j'accueille. J'accompagne la douleur qui augmente et je l'observe. Allure, vibration, couleur, forme… Rien de précis ne se manifeste, c'est une vague. Une énergie. Elle vient toucher chacune de mes cellules et pousse en fort sur ce qui est encore rigide en moi.

J'entends dire que notre ADN change, nos cellules, notre structure. Peut-être. Je colle cette étiquette sur ce moment, elle me rassure. Sentiment vite balayé par la douleur de replonger dans l'ancien monde : celui des étiquettes et des analyses.

Oui, respirer, accompagner, ne pas penser. Aimer.
J'appelle l'amour et le soulagement se produit. L'intensité persiste, je me sens tendue comme la corde d'un violon, et pourtant, je suis totalement abandonnée, allongée sur mon lit.

Si j'arrive à conserver un mental minimum, c'est-à-dire focalisé sur un ou deux mantras simples, je discerne un peu mieux ce qui m'arrive sous la forme d'une brume grisâtre.

Un monde. L'unité.
A la fois terrifiant et rassurant.
Je sens que je ne peux pas encore y entrer, il y a ce processus à terminer. Ces contractions. En finir avec l'ancien, expulser ce qui est devenu inutile. Je ne peux pénétrer le prochain monde que débarrassée des basses fréquences.

Mais comment lâcher ce qui me protège ? Je m'accroche à ce que je connais, c'est rassurant. Pénible, obsolète, étriqué, mais rassurant…

Je respire encore. De longues inspirations, je remplis jusqu'à la dernière alvéole pulmonaire, et j'expire, lentement aussi. « Je suis un être d'amour et de lumière. Ce corps accueille plus de lumière ».

Le paroxysme atteint, le calme revient qui révèle que ce n'est que lutte interne. Un corps à corps avec moi-même. L'ancien et le nouveau qui luttent pour l'emporter.

Je suis à cheval entre deux mondes. Comment harmoniser cette transition ? Le quotidien est là, chargé de la journée précédente, programmé pour avancer linéairement. Aujourd'hui est la suite d'hier et demain sera la suite de ce jour. Ainsi va le monde depuis des éons.

Vivre ainsi me devient lourd et pesant. Je me sens un boulet qui se traîne sur un rail qui n'existe plus. Je me sens bien quand je m'évade mentalement en regardant un film. Je ne suis plus dans mon corps, je vis une fiction heureuse.

J'ai perdu la motivation. A quoi bon me démener pour travailler, gagner péniblement de quoi payer la nourriture et les factures ? J'ai déjà quitté ce monde. Je suis prête pour le nouveau, du moins j'y aspire intensément. Je sais que je ne suis dans cette incarnation que pour cela.

Chaque « contraction » m'en approche un peu plus. Je me fiche qu'on me regarde de travers, je ne peux plus faire autrement que de dire ce que je vois, ce que je sens. Un grand changement. Et qui se produit maintenant, et non pas sur plusieurs générations. Qui nous amène vers une société nouvelle, totalement repensée, entièrement reconfigurée. C'est en cours maintenant.

La contraction passée, il persiste un doux malaise qui maintient la nouvelle empreinte. Qui m'empêche de retourner dans le connu, qui confirme la métamorphose.

Une certitude, une nouvelle conscience qui s'installe un peu mieux à chaque fois. Le nouveau qui vibre dans mes cellules, les agite, les secoue, les empêche de ressentir un confort anesthésiant. Une vibration qui m'oblige à la vigilance de chaque instant.

Alors la paix arrive.
Une paix nouvelle, légèrement oppressante.

Le jour se lève, et il faut affronter la journée dans l'ancien monde. Je fais de mon mieux pour harmoniser ces énergies contradictoires en moi.

Jusqu'à la prochaine contraction.

2 commentaires:

Patricia Eberlin a dit…

Je m'auto-commente : une lectrice batracienne proche de mon coeur me contacte pour me demander si je vais bien, que mon article du jour semble noir et dense. Avant cela, un nicolecteur m'envoie un mot d'encouragement et de compassion.

À relecture, effectivement, ça sonne sombre et dense.

Je précise : dense, ah oui ! Et comment !
Mais noir, non-non-non, pas du tout. Désolée de l'avoir mal fait passer. Je l'ai dit : difficile d'exprimer à quoi ça se ressemble, c'est du jamais vu. Du nouveau. Alors je suis étonnée, un peu interdite, intriguée, mais hormis cette légère paralysie devant l'inconnu, tout va bien, les amis !

Je sais également que je ne suis pas seule à être déstabilisée, c'est dans l'air du temps. C'est pas mal, ça secoue le cocotier, ou la boule à neige, comme le dit une Carolune de mon coeur aussi.

Et puis l'écrire a un effet thérapeutique : une fois publié, je le regarde en face et il prend une tout autre allure.

Cela dit, merci de votre sollicitude, elle me touche.
Je vous aime !

Unknown a dit…

Comment ça, tu as une lectrice batracienne dans tes connaissances, et un Nicolecteur?
Woauwww...;)) je leur fais un bisou au passage et je confirme pour tes ressentis..Jusqu'aux os!!!
biz sans flagornerie...( quoique...) ;)