Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

dimanche 12 décembre 2010

Tic tac toe

Dans le film War Games, en pleine guerre froide, un adolescent, croyant télécharger un jeu video, pirate sans le savoir le système informatique militaire américain : le NORAD. Ce système est géré par une intelligence artificielle appelée WOPR (pour War Operation Plan Response) et manque de déclencher, en faisant passer le niveau de sécurité américain à DEFCON 1, une guerre thermonucléaire globale contre le bloc de l'Est.

Le but est alors de trouver comment faire comprendre à ce logiciel intelligent que l'attaque est virtuelle, et qu'il ne doit pas déclencher la riposte. Ce dernier est prévu pour envisager toutes les stratégies, il apprend de ses expériences, et une fois mis en route, rien ne peut l'arrêter.

Le savant qui l'a mis au point est appelé à la rescousse pour trouver une solution. Puisqu'on ne peut arrêter la machine, il faut arriver à la convaincre d'arrêter cette guerre. Comment ?

— Pourquoi est-ce tu ne joues plus au tic-tac-toe ? demande le savant.
— Parce qu'il n'y a jamais de gagnant, répond le jeune.

Effectivement, il suffit d'une dizaine de parties de morpion pour constater cela, tous les enfants de plus de 10 ans l'ont compris.

L'idée lumineuse est donc de proposer ce jeu au NORAD pour qu'il arrive à la même constatation. L'adolescent commence à jouer au morion, avec l'ordinateur, mais c'est trop lent. Pour aller plus vite, on fait jouer l'ordinateur contre lui-même. On voit les parties se succéder de plus en plus vite, on n'arrive plus à suivre, jusqu'au moment où il percute et abandonne le jeu.

Dans la scène suivante, l'ordinateur fait de même avec le "jeu" de la guerre thermonucléaire globale. On voit les différentes stratégies défiler à une vitesse vertigineuse : attaques, ripostes, analyse des dégâts réciproques, tout cela en animations virtuelles et en couleurs qui explosent sur le grand écran de la salle informatique façon NASA et au bout d'un temps d'éblouissement et de vacarme, tout s'arrête. Grand silence.

Avec la même voix que HAL dans 2001, l'Odyssée de l'espace, l'ordinateur constate que "parfois, pour gagner, il est préférable de ne pas jouer".

J'ai l'impression que nous vivons cela en ce moment.

Accélération globale. Recrudescence d'égoïsmes, de prises de pouvoir, violences et brutalités, on répète, on rejoue les mêmes scènes, encore et encore, dans tous les registres et de plus en plus vite. Toujours les mêmes mensonges, les mêmes manipulations, les mêmes stratégies pour gagner sur l'autre, nous absorbons les données à vitesse exponentielle, nous enregistrons les résultats. Encore des guerres, des tortures, des luttes, pour obtenir quoi, au juste ? Qui gagne ? Et que gagne-t-il ?

Quand j'observe avec recul ce que nous sommes en train de vivre, je me retrouve dans cette scène où l'ordinateur absorbe boulimiquement les données de jeu pour arriver, une fois saturé, à trouver la meilleure stratégie gagnante : celle d'arrêter ce jeu-là.

Je vois les gens et les choses tourbillonner, s'accélérer. La leçon non comprise est représentée, dans la  journée, dans l'heure. Butter cent fois sur la même impasse et comprendre enfin que la solution, c'est de changer de direction. Je vois le film passer en accéléré, pas vous ?

À se battre les uns contre les autres, qu'a-t-on à gagner ? 
Hormis des plaies et des bosses. 

Encore un peu, et on va arriver à la même conclusion : poser les armes est la seule façon de gagner ce jeu-là.

Mais alors..., à quoi va-t-on jouer ?


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