Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

lundi 29 décembre 2014

Jour 35

LE RÊVE

Aujourd’hui, je suis à la cuisine avec Catherine, Angelo et Fiona. Catherine est une participante belge, Angelo est un cousin de Paola et Fiona, douze ans, est la fille d’Angelo. Sa femme est morte il y a six mois et Paola lui a proposé de venir se changer les idées à l’hacienda. Il est le maître d’œuvre à la cuisine, il organise tout. Tous les jours, deux à trois participants viennent lui prêter main-forte.

L’organisation se fait pendant le petit déjeuner. Ceux qui sont disponibles se proposent, soit pour les courses, soit pour le jardin. Il y a un grand jardin potager, il faut l’entretenir et cueillir les légumes. Un petit verger produit des fruits de saison, mais comme c’est l’hiver, pour l’instant, ils sont en sommeil. Tout est généralement facilement organisé, c’est rare qu’il manque de l’aide. Nous savons tous que nous devons participer à l’intendance générale, chacun le fait avec bonne volonté.

Pareil pour le ménage. Chacun entretient sa chambre, les pièces communes sont nettoyées par les uns ou les autres à tour de rôle. On observe qui fait quoi, et on fait sa part à son tour. Encore que dans le cas présent, en ce moment, il y a quelques personnes qui se sont attribué des tâches à demeure. Un soir, on discutait de ce qu’on aime ou qu’on déteste faire. J’ai affirmé que je détestais l’aspirateur, par contre, j’adore faire la lessive. Fernando a dit qu’il aimait balayer, et l’empêcher de le faire est le priver d’un plaisir, tandis que Sonia a déclaré qu’elle aimait bien faire la vaisselle. Nous nous sommes dès lors octroyé ces corvées, les transformant en autant de plaisirs. C’est ainsi que j’ai passé deux jours pleins à laver et sécher la lessive de tous. Chacun est allé chercher lui-même ses affaires personnelles dans le séchoir, mais j’ai repassé et rangé le linge de maison. J’ai passé des heures délicieuses dans l’odeur du linge propre sous le fer à repasser, seule dans la buanderie. Un joli moment de médiation. C’est là, d’ailleurs, que j’ai été inspirée pour un autre modèle de fontaine.

Accomplir une tâche collective est enrichissant. Accomplir un acte généreux agit sur la bonne estime de soi. La reconnaissance des autres est gratifiante. Ceux qui détestent faire la lessive n’en peuvent plus de vous remercier de leur éviter ce qui est pour eux une corvée. Quant à soi, ne pas avoir à passer l’aspirateur, par exemple, est un tel bonheur que la gratitude déborde. Ces sentiments sont de haute vibration et agissent sur nos corps physiques. Passer ses journées à faire exclusivement des choses plaisantes élimine le stress, l’angoisse, améliore la santé et l’humeur. On ne vieillit plus, on reste en bonne santé, on devient plus créatif. On développe ainsi une bonne relation avec soi-même, et forcément, les relations avec les autres s’en ressentent. On est tolérant, respectueux, les conflits n’existent plus.

Bref, le monde bisounours est LA solution à la paix dans le monde, au paradis terrestre. La vie est tellement joyeuse, ainsi, tellement riche. Tous les jours, j’apprends des nouvelles choses. Tous les jours, j’offre ma connaissance aux autres. C’est permanent, à tout instant. J’apprends une nouvelle recette de cuisine, j’en propose une des miennes. Je fabrique une belle fontaine en céramique, j’ignore pour qui.

— Ah bon, tu ne vas pas la garder? me demande Arnaud
— Je ne sais pas. Peut-être… Ce qu’il y a, c’est que je n’ai pas vraiment de domicile fixe. Ça fait dix ans que je vis dans le Réseau, c’est partout chez moi, et je ne vois pas, pour l’instant, où serait la place de cette fontaine. Tu as un «chez toi», toi?
— Oui, le village où je suis né, dans les Cévennes. J’y reviens souvent. Mais je suis comme toi, le Réseau est ma maison.
— C’est quand la dernière fois que tu y es retourné?

Il réfléchit.

— Ah ben, là, ça fait un petit moment. Attends… Ça presque deux ans.

Il me regarde, je comprends dans ses yeux qu’un de ces jours, il va m’inviter chez lui.











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