Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

vendredi 12 décembre 2014

Jour 19

LE RÊVE

Pas envie de rêver aujourd’hui. Pas d’inspiration. La réalité du jour est autre et j’ai envie de la regarder bien en face. Elle n’est pas moche, la réalité, elle est un peu plus terne que mon rêve, c’est tout. Je souffre d’un manque d’argent chronique qui dure. Et comme je ne suis largement pas la seule dans mon cas, je me dis qu’il y a un truc qui ne joue plus très bien sous le soleil. 

J’ai connu des temps meilleurs où l’emploi n’était pas une denrée aussi rare et aussi dénaturée qu’aujourd’hui. Au fait, je constate qu’au cours des trois dernières décennies, la bouffe a suivi le même parcours. Alors, la nourriture était saine, locale, nourrissante et de saison. Les supermarchés n’existaient pas encore, le lait arrivait en vrac dans le bidon à lait dans la boîte à lait, derrière de la boîte à lettres. Les carottes étaient sucrées, les petits pois aussi. Les friandises se trouvaient à côté de la caisse dans un ou deux cartons à chaussures. Aujourd’hui, elles remplissent deux travées de supermarché dans un packaging flashy qui donne la nausée.

L’employé était celui qui avait le choix. On donnait son congé parce qu’on ne supportait plus son collègue ou parce qu’on voulait une augmentation ou simplement pour aller voir ailleurs, pour progresser dans son métier et on trouvait un autre emploi dans les quinze jours. Les gens avaient du travail jusqu’à l’âge de la retraite. Il existait même un truc délirant: on aimait ce qu'on faisait et on était heureux d'aller travailler. «Les trente glorieuses». Pourquoi seulement trente? Que s’est-il passé? Pourquoi cette régression? On a marché sur la Lune, pourquoi ne l’avons-nous pas colonisée? Coluche a monté les restos du coeur dans l’espoir de booster la résolution d’un problème qui grandissait. Vingt-cinq ans plus tard, c’est devenu une institution dont le fonds de commerce est la misère, qui n’a pas du tout intérêt à ce qu’elle cesse. Pareil pour la maladie, la lutte contre le cancer, pour ne nommer qu’elle, est devenue tout une industrie qui s’effondrerait au cas où on trouverait la cure. Comment en est-on arrivé là?

Je ne me lancerai pas dans une tentative de réponse, là encore, elle sont en telle overdose qu’il devient impossible de discerner. À part la grande théorie du complot… N’empêche qu’au milieu de cette tourmente silencieuse, ce qui m’étonne le plus, c’est qu’on ne cherche pas vraiment à s’en sortir, collectivement. Cette apathie me tue et étouffe mon indignation. Là encore, je me demande bien ce qu’on respire pour être à ce point incapables de réagir. 

Alors mon rêve d’un monde meilleur, ce matin, il me paraît un peu vain et naïf. Non, non, je l’abandonne pas. C’est juste que je n’ai pas l’humeur à l’alimenter. Tant pis, il est en mode pause pour la journée, et moi, je vais continuer à me démener pour payer mes factures. «J’ai besoin de ce salaire pour payer les traites de ma voiture qui m’emmène tous les matins au travail dont j’ai besoin pour avoir ce salaire dont j’ai besoin pour…» Elle est pas nulle, cette vie? 

Non, je ne cesserai pas de rêver mieux que la réalité du jour, parce que j’ai la foi chevillée au corps. J’ai confiance en nous, envers et contre tout. Si les humains sont capables du pire, ils sont aussi, c’est forcé, capables du meilleur. J’attends le moment où nous allons décider en masse que nous passons au meilleur. C’est en route. Encore sous-jacent, mais c’est en route. Un de ces jours, ça va manifestement basculer du côté lumineux de la Force et Darth Vader pourra aller se rhabiller. J’ai un ami qui dit que ce sont toujours les gentils qui gagnent à la fin. Toujours. Il faut juste aller jusqu’au bout du livre. Il a raison.

Surtout ne pas lâcher avant la fin. Non, je ne n'abandonne pas, je ne déprime pas, tout va bien, c’est juste une journée de décembre avant le solstice. Mes énergies suivent le mouvement, elles descendent. C’est un cycle naturel. Tout est bien dans toute la création.







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