Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

dimanche 4 janvier 2015

Jour 41

LE RÊVE 

Nous sommes un petit groupe à traîner sur la terrasse après le repas en sirotant des verres. Il fait doux et discutons de tout et de rien. Chacun raconte un peu de son parcours, et nous en sommes à expliquer ce qui, dans la vie, nous fait vraiment vibrer. Et puis une discussion démarre sur du sport, et je décroche.

— C’est quoi, ton truc à toi, me demande Arnaud?
— Bonne question. Elle m’a torturée longtemps, j’ai cru à un moment de ma vie que je n’avais pas de passion. En fait, tout me passionne. J’ai fait le métier de potière pendant plusieurs années, j’ai adoré cela. J’ai fait maman à la maison, j’ai adoré cela. J’ai voyagé, j’ai adoré cela. Mon truc, vraiment, c’est les autres. J’aime partager avec les autres.
— Oui, mais partager quoi, plus spécialement?
— La compréhension. Ça, c’est mon fil conducteur. 
— Tu es une enseignante dans l’âme, alors?
— Peut-être. Mais il y a un truc qui me titille de faire à fond depuis pas mal de temps, c’est des cercles en forêt?

Il me regarde, les sourcils en points d’interrogation. Je souris. Qu’y a-t-il d’autre à expliquer?

— Des cercles de méditation dans la nature.
— Pourquoi?
— Parce que. Il y a tout, là-dedans. Un groupe de gens d’accord de se donner la main, de respirer consciemment et de laisser faire, c’est déjà d’une grande puissance dans une église, par exemple, mais quand on fait cela en forêt ou dans la nature, ça prend une dimension géante. 
— Mais dans quel but?
— Le but suprême: être. Tu es d’accord que c’est ce qu’on nous rabâche tout le temps. Être et non faire pour trouver son accomplissement. Jamais mieux que dans un cercle un forêt tu ne peux «être». Et dans cet état, des portes s’ouvrent.
— Il va falloir une petite démonstration.
— Quand tu veux. Il faut un minimum de dix personnes et un lieu sympa.

Quand il a une idée, Arnaud passe à l’acte. Il fait passer le mot que nous organisons un cercle dans la nature et nous partons à la recherche d’un endroit favorable. Le surlendemain, nous voilà un groupe de treize personnes dans une jolie clairière. Pour une première fois, j’ai dit que c’était préférable qu’il y ait des arbres. J’aime les arbres et je les trouve toujours d’excellente compagnie pendant les cercles. Quelqu’un nous a signalé un dolmen dans la région, mais il est un peu trop touristique pour mon goût. Je préfère un coin de nature tout simple, sans chichis, sans tourisme énergétique. Le petit bois qui se trouve à quelques encâblures de l’hacienda est parfait. Nous nous y rendons à pied, c’est important de marcher au minimum un quart d’heure avant d’y arriver. 

Sur le lieu, je laisse les gens se placer spontanément en cercle. Nous observons nos places les uns par rapport aux autres, et chacun rectifie sa position pour former un joli cercle. Je prends une grande inspiration. Comme il y a là des gens de plusieurs cultures différentes, je donne mes explications en anglais, langue qu’il se trouve que tout le monde comprend. 

— Bienvenue à tous dans cette forêt. Je vous invite à regarder autour de vous et à saluer cet endroit qui nous accueille. Les arbres, la végétation, les animaux, les insectes… Les oiseaux, aussi, qui nous font un petit concert. Merci de nous accueillir, merci de votre présence à chacun de vous dans ce cercle. 

Chacun prend le temps de regarder autour de soi et je sens déjà que l’énergie change.

Je laisse un moment pour que les gens prennent contact avec chacun et avec l’endroit. J’observe avec tous mes sens et tout mon corps qui devient une véritable antenne dans ces moments-là. Je capte encore pas mal de mouvements d'énergie, il y a beaucoup de mental, certains sont sur la défensive, ils se demandent ce qui va leur arriver. Il faut les rassembler, les rassurer. Je vais donc expliquer ce qui va se passer pour dégager la peur de l’inconnu et éliminer la résistance.

— Le but d’une méditation dans la nature, c’est vous qui le fixez. Vous pouvez avoir une intention précise, besoin d’une réponse à une question, besoin d’un moment de centrage ou simplement, vous pouvez accueillir l’événement sans attentes. Généralement, c’est là qu’il y a les meilleurs cadeaux. Voici comment ça va se passer: nous allons nous prendre les mains, et je vais d’abord guider une méditation d’ancrage. C’est important que nous soyons bien connectés ensemble et avec le sol pour pouvoir ensuite voyager en toute sécurité. Et puis je ferai une visualisation en me laissant inspirer par l’endroit et par les être présents; ce qui fait que je ne sais pas maintenant ce que je vais dire tout à l’heure, ce sera la surprise pour tout le monde.

Je sens que deux ou trois sont crispés ou distraits, alors je glisse une fantaisie pour les dérider:

— Des fois, ce sont les arbres qui ont envie de parler, certains sont très bavards…

Ils me regardent en se demandant si je suis sérieuse. Je souris. Je les laisse imaginer ce qu’ils veulent, en attendant, ils sont désormais totalement présents dans le cercle.

— Ensuite, il y aura la méditation silencieuse, c’est plutôt long, et enfin je vous ramènerai au présent avec une autre visualisation guidée. Puis, quand tout le monde sera bien de retour dans son corps, j’indiquerai que nous pouvons nous lâcher les mains; nous le ferons lentement et en douceur et ce sera la fin. Après, nous irons boire quelque chose et nous prendrons un moment, pour ceux qui le veulent, pour partager nos expériences.

Ce préambule a suffit à détendre les derniers tendus, surtout les personnes mentalement globales qui ont besoin du menu du jour complet avant de pouvoir commencer quoi que ce soit. 

— Quelques conseils pour ceux qui n’ont jamais fait de méditation…

Pendant quelques minutes, j’explique comment lâcher son mental et laisser passer les images folles sans crispation, avec acceptation. 

— C’est important de respirer. Je vais vous guider à respirer pendant la méditation d’ancrage, pensez à conserver une respiration ample pendant tout l’exercice. Si le mental s’affolle, revenez à la respiration consciente, c’est une bonne façon de focaliser vos pensées. Ne vous culpabilisez pas si vous estimez que vous n’y arrivez pas, mais acceptez ce qui est et faites confiance que ce n’est pas parce que vous ne recevez rien mentalement qu’il ne se passe rien. Pour court-circuiter le mental, un bon truc peut être de concentrer sur les bruits de la forêt. Ecoutez les oiseaux, le bruits des feuilles des arbres, les craquements du bois, etc. Et respirez. Respirez toujours, pensez à respirer.

Ça y est, nous sommes au diapason. Je capte l’unisson, nous allons pouvoir commencer.

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