Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

mardi 27 janvier 2015

Jour 63

LE RÊVE


Aujourd’hui, il fait beau, nous sommes tout un groupe à aller nous promener au bord de la mer, et visiter Malaga. Partis après le petit déjeuner, nous avons fait un tour de ville et flâné comme des touristes. Les filles ont fait les magasins pendant que les garçons, typique, sont allés boire des verres. Certaines choses ne changent pas d’un monde à l’autre…

Nous voilà sur la plage, nous marchons dans le sable. Il y a un petit vent frais et un soleil qui déjà réchauffe et sent le printemps. Arnaud est intarissable, et les jeunes, toujours avides d’informations concernant un temps qu’ils n’ont pas connu. à l’inverse, nous sommes friands de leur point de vue sur une réalité qui nous est encore peu familière. Pour l’instant, c’est Arnaud qui expose ses théories sur la justification de l’homme sur la Terre.

— L’homme est à mi-chemin entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, il est l’interface entre les deux. Sans l’homme, la conscience n’a pas conscience d’elle-même. Il est dit que la Source était une au départ. Mais elle n’avait pas conscience d’elle-même. Pour obtenir cette conscience, elle est allée à la périphérie.

Sur le sable, il dessine un cercle avec un point au milieu. Et puis il déplace ce point sur la circonférence du cercle, et trace un autre cercle avec ce point-là comme centre.

— La division cellulaire, commente Viviane.
— C’est exactement cela. Elle s’est divisée pour pouvoir se contempler. Non pas par arrogance, mais pour acquérir la connaissance. Elle s’est démultipliée en milliards de morceaux, autant d’âmes incarnées dans un corps physique pour expérimenter la densité. Chacun de nous apporte ainsi sa pierre à l’édifice en vivant chacun sa propre expérience. C’est pourquoi chaque vie est précieuse.
— Bof, pourquoi? demande Fernando. Tu vis, tu meurs, tu reviens dans un autre, c’est pas grave, tout ça.
— Grave, non, important, oui. Tu vis ici, maintenant et dans ce corps avec cet ADN, avec une structure bien précise. Toi seul es capable d’avoir ce point de vue-là sur les choses: ton point de vue. Personne d’autre ne peut voir les choses comme toi tu les vois. Tu t’en vas, l’angle de vue avec. Quand je dis « voir », c’est plutôt concevoir, ça s’expérimente avec tous les sens, et avec le corps. Ça me rappelle une femme que j’ai rencontrée il y a plusieurs années et qui regrettait d’avoir fait des enfants avec son mari, parce que leur histoire avait lamentablement foiré et qu’il était en dessous de tout. Je lui ai demandé si elle aimait ces enfants-là, elle m’a répondu oui, bien sûr, mais elle aurait préféré les avoir avec un meilleur mari. Je lui ai dit qu’ils n’auraient jamais été les mêmes! Jamais de la vie! Même avec le mari idéal, fabriquer un bébé est un vrai coup de poker: à un autre endroit, le mois suivant, et hop, ce n’est pas le même être qui arrive.
— Je n’avais jamais réfléchi à cela, dit Fernando.
— Aimez vos corps, les amis, ils sont un temple précieux pour votre unique expérimentation. Je reviens à la place de l’humanité dans la conscience. Nous sommes les seuls êtres de la création qui ont la conscience. L’anglais fait une différence significative entre « conscious » et « aware ». On pourrait traduire ce dernier par « averti », mais c’est une pâle traduction. Nous avons passé de l’ancien monde où l’homme se prenait pour le roi et se croyait au sommet de la création au nouveau monde où l’humain a humblement conscience de son rôle et rempli sa mission avec enthousiasme. C’est grâce à cette awareness que nous avons pu faire le saut de quanta. C’est parce que nous avons enfin compris que notre rôle avait un but que nous avons pu lâcher nos peurs et guérir nos ego blessés.
— Quel but?
— Prendre conscience de la conscience. Be aware of the consciousness.
— Pourquoi?
— Alors ça, c’est la suite qui nous le dira. Comme c’est une première, on avance à l’aveugle. Je pense que la suite logique, c’est utiliser cette conscience. Agir plutôt que réagir, créer notre vie. C’est commencé. On commence à se rendre compte que nous avons des talents multiples, et nous commençons à utiliser nos facultés. Pour vous, c’est plus évident, je pense. Vous lisez dans les pensées depuis toujours.
— Pas vous?
— Si, mais on a éteint nos facultés les plus sensibles. Imagine un enfant qui commence à marcher, et on lui dit que ce n’est pas possible, ce n’est pas comme ça qu’il faut faire, marcher ne sert à rien, tout le monde marche à quatre pattes, c’est comme ça que ça se fait. C’est ce qui s’est passé pour toutes les générations avant vous. Ceux qui se levaient tout de même et marchaient sur leurs deux jambes ont été traités de fous, ont été enfermés, réprimés, brûlés, etc. Enfin, nous en sommes à accepter qui et ce que nous sommes — chacun individuellement et différencié des autres. Mieux encore, nous sommes ouverts à nous découvrir, nous sommes curieux de notre évolution. C’est un gros changement par rapport à avant où le besoin de sécurité gravait les choses dans le marbre et obligeait à la pensée unique. Plus de lumière nous a fait nous rendre compte qu’on pouvait faire le tour des choses pour les voir sous d’autres angles. C’est la métaphore de l’éléphant dans le noir, vous connaissez?
— Non, répondent-ils collégialement.
— Une tribu tombe sur un éléphant couché dans la jungle pendant une nuit très noire. À tâtons, l’un touche une jambe, l’autre la trompe, un troisième l’oreille, une quatrième une défense, etc. Ils partagent ensuite leur découverte, l’un décrit l’éléphant comme un gros tube, l’autre comme un tuyau, pour le troisième, c’est plat et flasque, pour le quatrième, c’est dur et conique. Quand le soleil se lève, ils découvrent qu’ils ont tous à la fois raison et tort.

Ils savent bien tout cela, ces jeunes. Mais ils ne savent pas qu’ils le savent. Ils aiment qu’Arnaud traduise mentalement leurs connaissances innées. Nous avons vraiment un immense plaisir à échanger.


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