Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

vendredi 6 février 2015

Jour 73

LE RÊVE


Les deux granges sont disposées de façon telle que toutes les bâtisses forment un grand cercle autour d’un morceau de terrain au centre duquel pousse un platane centenaire. 

Arnaud passe derrière les granges et nous amène sur une butte où une végétation dense a repris ses droits. Il traverse un bosquet et nous découvrons, dans un creux, un amas de pierre juste recouvert d’eau.

— Vas-y, tâte la température.

Zee se baisse pour y tremper sa main et il y a un geste de recul.

— Elle est chaude!
— Et là, elle affleure. Trois mètres plus bas, elle fait cinquante degrés.
— Yes!
— Super!

Ana et moi nous sommes exclamées en même temps. Ça fait un moment que nous alimentons notre rêve de maison idéale, la source est un must. Qu’elle soit chaude, c’est la cerise sur le gâteau. Zee a tout de suite compris:

— Tu vas tout chauffer avec cette source!
— Bingo! Un sourcier est venu, il y a de quoi sans problème. Il estime qu’à vingt mètres, l’eau doit faire 80°. Je veux creuser un bassin ici et l’aménager en bain thermal. Ensuite, on va canaliser et amener l’eau chaude jusqu’aux maisons.

Arnaud nous fait entrer dans la première grange.

— Ici, les travaux sont presque finis. Il y a quatre logements individuels dans celle-ci. Dans l’autre, on pourrait faire des ateliers.

Les logements sont incroyablement bien conçus. Ils sont à la fois privatifs et collectifs. Tout est prévu pour se rencontrer et partager, mais on peut également se retrouver chez soi et se sentir isolé, dans la plus grande intimité. Il y a une grande chambre à coucher et une plus petite chambre par logement et les pièces communes donnent une impression de loft, tout en étant curieusement séparées. On a joué sur les perspectives. Par exemple, quand on est dans les fauteuils du salon, on ne voit plus la cuisine, mais il suffit de se lever pour être dans un espace ouvert. L’ameublement est de bon goût, tout cela est charmant. Au sous-sol, un hamam et un sauna dans l’une des maisons, dans l’autre, une salle de yoga, méditation, relaxation.

— Il reste à faire la terrasse, dit Arnaud. Un ami architecte a conçu un espace commune. Dès lors qu’on sort de chez soi, je veux qu’on soit ensemble. Pas question de ne pas partager les moments au soleil et au grand air. Je vous ferai voir les plans, c’est super bien foutu. Il y aura un coin repas, un coin détente sous le platane pour jouer aux cartes ou lire au frais, etc.
— C’est idéal pour ce qu’on veut faire, dis-je. Ici, on peut loger les parents. Ils sont au calme pour être en couple, éventuellement rabibocher une relation qui battrait de l’aile, et en face, dans les anciennes écuries, les ados. Pas loin des parents, mais autonomes quand même. Les enfants plus petits peuvent loger avec les parents.
— Oui, il faut encore élaborer notre projet, mais effectivement, il y a de quoi faire.
— Bon, alors on commence par quoi?
— Si on mangeait? dit Pablo.
— Quelle excellente idée.

Ces derniers jours, j’ai appris à mieux connaître ce garçon, et il me plaît beaucoup. Pablo a vingt ans, il est né à Barcelone. Il y a vécu jusqu’à l’âge de cinq ans, ce qui lui a donné des racines catalanes, et puis ses parents ont rejoint le Réseau. Depuis, la famille a bougé tous les deux ou trois ans, c’est ainsi qu’il a passé pas mal de temps en France, un pays qu’il aime beaucoup, tout comme la langue qu’il parle parfaitement. Il a été éduqué dans les écoles du Réseau, un enseignement qui me fait décidément penser au compagnonnage. On forme des esprits, mais aussi des âmes. On enseigne des matières scolaires, mais aussi la vie.

Pablo est autonome depuis un an. Il a eu envie de faire sa route tout seul, il a laissé ses parents et sa petite sœur du côté de Bordeaux pour revenir en Espagne. Il venait d’en faire le tour quand nous l’avons rencontré à Malaga et le voilà aujourd’hui avec nous. Ce garçon posé, calme et extraverti contraste avec Viviane, adolescente mal dans sa peau et de ce fait, introvertie. Pourtant, la relation entre eux est jolie. Ils s’entendent bien, ils ont une étrange complémentarité. Viviane est ultrasensible, fantasque, originale; Pablo est plus pragmatique, centré, peut-être un peu psychorigie, il faudra vérifier.

Maintenant que nous voilà installés, nous allons voir comment nous allons nous harmoniser les uns avec les autres. Les prochains jours vont nous le montrer. Nous avons deux jours encore avant la visite des parents de Viviane, c’est juste ce qu’il faut pour trouver notre aise. 











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