Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

vendredi 27 février 2015

Jour 94

LE RÊVE

Amélie est en formation avec une chamane sage-femme. Dana est une femme de soixante-cinq ans qui a toujours vécu au milieu de la nature. Elle connaît les plantes, c’est une intuitive qui respecte les cycles biologiques et écoute son corps. Elle ne donne des formations qu’à partir du printemps, car l’hiver, elle se repose, elle prend du temps pour elle. Dès l’équinoxe de printemps, elle accueille ses nouvelles stagiaires. Elle en prend jamais plus de dix, elle veut s’assurer que chacune d’entre elle acquiert toutes les connaissances qu’elle a à dispenser.

Elle commence par enseigner les plantes et leurs vertus. Avec la théorie, elle propose de la pratique: préparations de tisanes, de décoction, de baumes, etc. Elle précise qu’il ne suffit pas de déflorer le sujet avec elle pendant quelques semaines, il est primordial qu’une sage-feme poursuive cet enseignement pendant toutes les années de sa pratique. Elle insiste sur l’aide précieuse que la nature peut apporter pendant la grossesse, l’accouchement et les soins du bébé. Dana précise qu’elle en apprend tous les jours sur la nature. Elle dispense son enseignement en permanence et nombreuses sont les filles qui reviennent compléter leur enseignement auprès d’elle pendant l’année. Pas question non plus de se passer des progrès modernes en cas de troubles plus sérieux, mais ce n’est pas elle qui dispense cette formation-là, bien qu’elle soit parfaitement au clair avec le sujet. Dana enseigne comment allier nature et pharmacie moderne.

La formation chamanique comprend également diverses méthodes de soins thérapeutiques manuels. Des massages spécifiques pour femmes enceintes, des techniques de respiration, de relaxation et de visualisation. Dana est experte dans le retournement des bébés qui se présentent par le siège. Les femmes enceintes qui viennent régulièrement la consulter pour cela permettent aux jeunes filles d’appliquer la théorie qu’elles reçoivent. 

Une bonne partie de l’enseignement est consacrée à enseigner des règles de feng shui. Les futures sages-femmes doivent développer leur ressenti pour trouver le meilleur endroit dans n’importe quelle habitation pour l’arrivée du bébé. C’est dans ce but qu’on a conçu les Maisons de Bienvenue, ce  qu’on appelait autrefois les maternités. Quand le travail commence, la future mère dispose du meilleur confort possible. La sage-femme l’accompagne et l’aide à trouver ce dont elle a besoin. Chaque feme est différente. Certaine sont confortables allongées, d’autres assises, puis debout à marcher, et il y a celles qui font le travail dans le bassin d’eau chaude. L’important est de suivre son instinct, après tout, n’importe quel mammifère accouche sans aide médicalisée. 

L’ambiance des salles de travail dans ces maisons est savamment étudiée. Le feng shui y est idéal, les couleurs, l’ambiance, tout dégage paix et sérénité. On peut mettre une musique relaxante, il y a une fontaine qui coule doucement, tout respire le calme et la joie. Les heures de travail deviennent des heures pleines, chaudes, essentielles. Il arrive qu’il y ait plusieurs femmes en travail simultanément, on a alors constaté une stimulation des contractions chez chacune qui accélère le travail et le rend plus aisé. 

Au moment où le bébé se présente, les sages-femmes s’adaptent aux besoins de la parturiente, et non le contraire. Certaines accouchent dans l’eau, la sage-femme se plonge alors dans le bassin avec elles, d’autres sont allongées, mais la plupart des mères délivrent elles-mêmes leur bébé, debout dans de l’eau jusqu’aux genoux ou accroupies sur une natte recouverte de futtons et de draps au cas où la mère lâcherait son bébé, ce qui n’arrive jamais. Ce qui n’arrive presque plus jamais non plus, c’est le besoin d’une épisiotomie. Bien préparée, une femme peut accoucher sans cela, néanmoins, en cas de besoin, la sage-femme est formée pour la faire et la suturer ensuite. 

Quand tout se passe normalement, la sage-femme ne fait qu’assister sans faire grand chose d’autre que d’inspirer confiance, spécialement quand c’est le premier bébé de la parturiente. Après l’éjection du placenta, la sage-femme dégage les poumons du bébé en aspirant les mucosités avec une pipette en quelques gestes précis et rapides, puis mère et enfant restent enlacés, drapés dans des draps blancs, le temps qu’il faut. Un temps suspendu qui dure le temps qu’il dure. Le cordon n’est coupé qu’après que ce temps sacré de prise de contact ait eu lieu. 

Alors la sage-femme prend le bébé et la jeune mère fait ses ablutions. Généralement, elle se trempe dans un bain chaud qui l’aide à se détendre complètement après l’effort. Pendant ce temps, la sage-femme ligature et panse le cordon ombilical, puis elle vérifie les réflexes du bébé. Elle a de gestes rapides, experts, doux, de façon que le bébé ne se sente pas agressé. Puis il rejoint sa mère dans le bain ou elle le lave, toujours sous l’oeil sécurisant de la sage-femme. Le bain ne dure que quelques minutes. La sage-femme attrape le bébé et l’emmaillote puis aide la mère a sortir du bassin et lui passe un peignoir cotonneux. Mère et enfant rejoignent leur chambre. Quand il ne rampe pas spontanément à la recherche du sein de sa mère, la sage-femme veille à ce que le bébé accroche un téton pour boire le précieux colostrum. Puis, on laisse la petite famille se reposer, maman, bébé et papa enlacés, quand ce dernier est présent pour la naissance de son enfant. 

Là aussi, les choses ont changé. Le père n’est plus une potiche impuissante qui assiste aux douleurs de sa compagne en se faisant écraser les phalanges. Ceux qui veulent assister assistent réellement, ils sont pro-actifs. Ils ont appris des gestes apaisants, savent coacher leur femme pendant les contractions, respirant avec elle, posant à l’occasion une main sur le ventre pour signaler leur présence au bébé. Ils parlent à la mère, au bébé, la vibration de leur voix faisant partie de l’événement. Certains chantent, et alors le moment devient magique. 

Les heures de repos se font dans une bulle dont la sage-femme s’exclut. Elle reste pas loin en cas de besoin, avec le personnel médical toujours présent en cas de complication. Au bout de quelques heures, généralement pas plus de trois ou quatre, bébé a faim. La sage-femme va encore veiller pendant quelques jours à ce que l’allaitement se passe bien, puis son job sera terminé. Les liens tissés pendant ce moment sont indéfectibles, et généralement, les familles gardent le contact pendant plusieurs semaines. Ils font généralement appel à la même sage-femme pour les bébés suivants.


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