Le paradis TERRESTRE... Si on s'y mettait ?

mardi 17 février 2015

Jour 83

LE RÊVE

Les jours suivants, la maison se transforme en fourmilière. Pendant que les filles finissent la peinture du ranch, les garçons terminent la salle commune. Le sourcier est venu; effectivement, la nappe d’eau est conséquente et nous allons avoir de l’eau chaud en abondance. Reste à faire les plans pour la canaliser. Nous voudrions un joli bassin qui fasse jacuzzi extérieur, agréable surtout en hiver. Le soir, nous cherchons un tailleur de pierre sur internet. C’est Ana qui le trouve, c’est une trouveuse… Contact est pris pour la semaine prochaine.

Bref, les travaux avancent bien, l’ambiance est très agréable. Viviane est avide de discussions et il faut parfois lui demander un temps mort pour se remettre à l’ouvrage, sinon, on ne finira jamais. Elle s’épanouit, le séjour parmi nous lui fait du bien. Cette fille est intelligente, elle a une belle sensibilité; dès lors qu’elle la reconnaît, elle va pouvoir la gérer et c’est principalement là-dessus que portent notre discussion. Nous faisons un vrai coaching avec elle, et ça termine souvent en éclats de rire. Elle prend confiance en elle, elle devient même différente avec nous, moins réservée. Il lui arrive, à l’occasion, de nous faire des remarques biens senties et souvent pertinentes. Son diamant brut est en train d’être taillé et ses facettes commencent à renvoyer de jolis éclats.


— Maman, on sera là dans une heure, c’est bon? me demande mon fils au téléphone.
— Parfait, vous n’aurez pas mangé, je pense?
— Non, c’est pour ça qu’on t’appelle. On débarque à cinq, il y a assez à manger?
— Toujours, mon fils, tu me connais. On mettra les petits plats dans les grands.

Nous lâchons nos pinceaux pour aller préparer un peu plus à manger. Une heure plus tard, deux voitures entrent dans la cour. Olivier, sa copine Zara, Evelyne, Ehsan et leur petit Elias, mon premier petit-fils. Je les sers tous dans mes bras, ils savent que la meilleure chose pour me combler de joie, c’est leur visite.

Les présentations sont faites, les bagages déposés dans les chambres qu’ils ont choisies à la Calo — la maison principale. Tous dans la grande cuisine, les conversations vont bon train. Chacun met la main à la pâte, les uns mettent la table, les autres disposent les plats pendant que ceux qui ont fait la route se désaltèrent. Enfin, nous sommes tous attablés. Zee porte un toast de bienvenue pour les nouveaux arrivants et Evelyne prend la parole à son tour:

— J’ai moi aussi un toast à faire pour annoncer une double bonne nouvelle: Maman, tu vas être bientôt à nouveau grand-mère, et deux fois.

J’ouvre des grands yeux.

— Tu attends des jumeaux?
— Non…

Elle lance un regard malicieux à son frère :

— L’autre, c’est Zara qui va le fabriquer.

Je crie de joie et tout le monde s’exclame. C’est pour quand? C’est tout neuf, ce sera pour la fin de l’année et le début de l’année prochaine. C’est le bébé de Zara qui est prévu en premier, elle en est à trois mois de grossesse et exhibe un petit ventre rond.

Plus tard, nous nous retrouvons en famille à la cuisine, mes deux enfants, leurs conjoints et moi.

— On voudrait te parler, dit Olivier.

Je le regarde, je n’aime pas ce genre de préambule. Surtout pas après des bonnes nouvelles comme celles de ce soir; je ne voudrais pas que mon bonheur soit terni.

— Ecoute, avec ces enfants qui arrivent, on a envie de se poser quelque part. Le Réseau, c’est sympa, mais avec des bébés, on se dit que ce serait bien d’être sédentaires quelques années. On se demandait si ça ne t’embêterait pas qu’on se pose près de toi, ça nous ferait une grand-mère proche et sûrement disponible? dit-il d’un air malicieux.
— Ça «m’embêterait»? Mais tu sais bien que rien ne peut me faire plus de plaisir.
— On pensait te proposer de trouver un endroit à vivre ensemble, mais le fait que tu montes une maison avec Arnaud, c’est encore mieux. J’imagine que vous allez y rester un moment. Au fait, il est super, Arnaud. Je l’aime bien.
— Oui, moi aussi, dit Evelyne.
— C’est vrai, il est cool, ajoute Ehsan.
— Il m’a dit qu’il vous aimait bien aussi, répond-je. Mais tu dis  «nous», c’est toi et Zara?
— Non, nous aussi, dit Evelyne. Ehsan travaille en bureau virtuel depuis plus d’un an, moi, avec deux enfants, je n’ai pas envie d’être submergée. J’aimerais être cool pour m’occuper des deux, je vais avoir besoin de ton aide. Et puis mon frère me manque.
— Mais je nage dans le bonheur, moi, ce soir!

La suite de la discussion est pour obtenir un accord collégial sur l’endroit où nos nouveaux co-résidents vont s’installer. Ce sera là où ils se sont installés ce soir, en attendant qu’Evelyne réalise son projet.


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